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Traiter des faits saillants de l’actualité de la semaine, passe bien entendu par l’international, l’Europe, et dans le cas présent, l’Italie (et pas à cause de Carla ;-). La vie politique italienne est un théâtre peut-être pire que la scène française. Dans cette comédie que seuls nos cousins transalpins comprennent, faite d’alliances douteuses et parfois mafieuses, d’instabilité et d’exubérance politicienne, le gouvernement vient une nouvelle fois d’être démis. Démissionné par un vote de confiance à l’Assemblée, Prodi fait ses valises et le pays garde ses problèmes… A-t-on les hommes politiques que l’on mérite, pourraient se demander confraternellement, français et italiens. Car c’est là qu’est la vraie tragédie de nos scènes respectives, dans le spectacle que donne notre classe politique, cette pantalonnade partisane qui a si peu de prise avec la réalité des citoyens, quelle que soit l’alternance…

 

Europe, petite réflexion sur le rôle que l’Union pourrait jouer dans notre nouveau cadre télévisuel public. Après le pavé dans la mare de l’omniprésident pour la suppression de la publicité sur les chaînes de service public, dépasser le retour d’ascenseur en or à ceux qui l’ont fait élire (Bouygues, Lagardère, Bolloré, …) qui vont se partager plus d’un demi milliard d’euros de recettes publicitaires qui n’iraient plus au service public de l’audiovisuel. Au delà de la collusion, cette rupture mérite d’ouvrir la réflexion en France, et par effet rebond, en Espagne et en Italie. L’idée d’avoir un espace médiatique public libre de publicité, pourrait offrir un territoire épargné par le matraquage de la marchandisation. Ce desserrement de la contrainte/emprise consumériste est sans nul doute une bonne chose, une opportunité à explorer. Imaginons que  l’Europe intervienne au titre de sa politique culturelle dans le financement des TV publiques volontaires. Il ne serait pas illogique, alors que la TV est un vecteur culturel majeur dans la société contemporaine, que l’UE investisse quelques milliards d’euros sur 5 ou 10 ans dans des médias publics des états membres. En outre, au profit d’un cahier des charges exigeant, l’UE pourrait demander à ce que ces chaînes publiques soutenues, produisent des programmes qui ouvrent grand les fenêtres sur nos voisins, les problématiques communes et leurs enjeux européens. N’est-ce pas une piste à ouvrir, pour que le citoyen se réconcilie avec le grand projet des pères fondateurs : la paix comme seul chemin de civilisation. D’une pierre deux coups en quelque sorte, apporter des subsides européens aux médias publics qui veulent se désintoxiquer de la publicité, et promouvoir l’incarnation de notre aventure européenne. Cette éventuelle contribution du budget communautaire ne résoudrait bien entendu pas les besoins financiers de France Télévision, mais cette goutte d’eau européenne aurait du sens…

 

Pour continuer, détour par un rite du Lévitique (XVI), selon lequel chaque année, la communauté d’Israël transférait symboliquement ses impuretés sur un bouc, qui était ensuite lâché dans le désert. Du latin caper emissarius, la locution bouc émissaire a dépassé le vocable religieux, pour s’étendre à propos d’une personne sur laquelle on fait retomber les fautes des autres. Mon Robert est formel, et mon avis est que Jérôme Kerviel, le trader le plus connu au monde pour avoir fait perdre près de 5 milliards d’euros à la SocGen, fait un très beau bouc émissaire. A qui veut-on faire croire, que cet homme seul, du haut de ses 31 ans, aurait déjoué tous les contrôles internes, pour jouer avec 50 milliards d’euros et en perdre 10 % ? Pourquoi le Pdg de la SocGen, Daniel Bouton, est-il encore en place ? Pourquoi le laisse-t-on se répandre dans la presse pour qualifier son trader de "terroriste" ? Bouton, comme patron de Kerviel, n’est-il pas un peu responsable de cette colossale perte d’exploitation à la SocGen ? J’entendais tout à l’heure François Chérèque sur France Inter, qui traduisait la conséquence directe pour les employés de la SocGen, plusieurs dizaine de milliers de personnes en France : menace sur leur intéressement équivalent à un mois ou plus de salaire, parce qu’un trader aurait joué l’équivalent du PIB marocain sur des marchés douteux. Moralité, les frais, agios, et prélèvements divers - dits de la banque de détails (celle où l’on est, vous et moi) – ne suffisent plus à rémunérer rassasier nos chères banques, il leur faut aller manger du gâteau de la spéculation, et risquer parfois l’indigestion. Toutefois, les gloutons ne serons pas les plus malades, le petit personnel est là pour se serrer la ceinture, et le petit client final payera aussi un bout de l’addition.

 

Pour prolonger, je me demande à quoi ressemblera le monde capitaliste de demain. Quand les fonds souverains seront passés des 2 200 milliards de dollars d’actifs aujourd’hui (avec quelques belles prises récentes : Citigroup, Morgan Stanley, Merrill Lynch, UBS, …), à plus de 12 000 milliards d’ici dix ans, comme le prévoient les analystes financiers. Nous serons passés de l’occident global, à l’orient global, le centre de gravité du pouvoir mondial sera alors au barycentre des intérêts de la Chine, de la Russie et des pays du golfe. Quelle sera l’influence de l’Europe à cette époque ? Celle des USA aura-t-elle encaissée le coup pacifiquement ? Dix ans c’est loin, et il nous faut inventer les règles pour aujourd’hui. Pourquoi ne pas expérimenter le contrat de capital, concept développé par le jeune économiste Sébastien Groyer. Je conseille son blog, mais déplore qu’il manque de nouveaux billets. Avec la perte de crédibilité dont jouissent les économistes et financiers, les politiques pourraient en profiter pour reprendre la main, et imposer un New Deal écolo. Après tout, la finance à besoin d’un support fiable et durable pour prospérer, et mieux vaudrait réinventer les règles pour canaliser les flux financiers vers un développement soutenable, plutôt de les voir partir en fumée sur un marché sans règles…

 

Tag(s) : #chronique de la semaine
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