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Après un week-end de grand beau soleil sur toute la France, un air de printemps en plein hiver, alors que certains sont en vacances d’hiver, Sarkozy s’est invité inopinément ce dimanche soir 10 février aux JT et à la radio. Pour parler aux français d’Europe et mettre en perspective le vote parlementaire sur le traité de Lisbonne. Invité surprise du dîner, c’est un président solennel qui « habitait » pour une fois la fonction, comme pour donner le change en matière de communication tandis que sa quotte de confiance s’effondre.

Si bien entendu, je suis gré à Sarkozy d’avoir participé à la mise en œuvre d’un plan B pour sortir la construction européenne de l’ornière de l’immobilisme, il devrait proposer un discours cohérent pour la France sur l’Europe. Si ce soir, l’omniprésident n’a quasiment pas fait dans l’étatisme nationalo-franchouillard, le problème d’Henri Guaino reste entier pour les autres jours. La France n’est pas audible pour nos compatriotes européens…

Sarkozy voudrait remettre du politique dans la construction européenne, pour ne plus subir les règes automatiques. « Maintenant, l'enjeu est de remettre de la politique en Europe, de ne plus abandonner l'Europe au seul jeu de règles automatiques qui ne laissent aucune place à la décision et à la responsabilité politique », a-t-il dit. Plus c’est gros, plus ça passe. Il n’y a aucunes règles automatiques qui échapperaient à la décision politique au niveau de l’Union Européenne. Le vote du Conseil est dans tous les cas requis pour l’adoption d’une Directive, alors que le Parlement Européen est lui aussi systématiquement consulté.  Deux niveaux « politiques », qui n’ont pas attendu pas Sarkozy pour devenir légitimes et démocrates. Si par cette critique des « règles automatiques », Sarkozy vilipende l’indépendance de la BCE, cette indépendance a justement été gravée dans le marbre de la décision politique à la création de l’euro. Si c’est pour s’absoudre de nos engagements pour la dette et le déficit, c’est là aussi non négociable d’un point de vue politique. Revenir sur la parole donnée, en voulant se refaire sur le dos de ses voisins plus rigoureux, n’est pas acceptable alors que la France s’apprête à prendre la présidence de l’Union. Question de crédibilité.

 

De la logorrhée Sarkozienne servie ce 10 février, je retiens la satisfaction d’avoir remplie une promesse de campagne. Pas dit que ça fasse oublier celles du pouvoir d’achat, mais c’est un acquis au bilan, un bon point dans la logique des communicants. Par temps sombre et sondages en bernes, c’est utile. Si ce n’était un nouvel artifice inédit dans la communication présidentielle, je saluerai cette pédagogie du vote des parlementaires sur un texte qui engage le pays. Surtout, je reteins les objectifs fixés à la présidence française de l'Union européenne, qui sera effective au 1er juillet 2008 : « priorité de travailler sur une stratégie de développement durable, une politique commune de l'immigration, une défense européenne et une refondation de la politique agricole". Cette feuille de route n’est pas inintéressante, d’autant que NS veut que la France soit de nouveau en Europe une force de proposition et une force d'entraînement.

Pour le développement durable, il faudra bien plus qu’un Grenelle pour impressionner nos partenaires, qui attendent du concret alors que la France fait partie des cancres en la matière (eau, enr, biodiversité, natura200, …). Si c’est pour vendre une solution atomique en guise d’avenir commun, il y a gros risque de fâcherie avec les allemands et les autrichiens. Pour la politique d’immigration, il est à craindre que l’Europe n’enfante une politique liberticide avec sa Directive de la honte que ne doit pas désavouer Hortefeux. Pour la réforme de la politique agricole commune, alors que la France a toujours représenté un obstacle à sa réforme, je suis curieux de ce qui va sortir du chapeau omniprésidentiel. Un lapin de l’élevage Attali, ou un bon vieux garenne de l’ère Chirac ? Jusqu’où ira-t-il dans la rupture, sans s’aliéner le milieu agricole français nourrit à la subvention communautaire (du moins, l’agriculture qui participe le moins au développe durable !) ? Avec l’envolée des prix des matières agricoles, plus le souci de la sécurité alimentaire jamais évacué, tout en prenant en compte l’empreinte écologique de l’agriculture productiviste, quelle équation pour la PAC les français vont-ils proposer ?

Tag(s) : #Europe
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