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Ça y est, enfin il fait beau à Marseille, alors que la page de mai est tournée. Enfin, retour des jours qui chantent que c’est bientôt l’été. Retour aux jours solaires, la période la plus forte et la plus douce de l’année. Une vraie réjouissance ;-)


Autre réjouissance, Marseille Provence 2013 - Capitale Européenne de la Culture, est une candidature qui gagne en visibilité et en crédibilité. En témoigne l’installation « Le Dit du Bambou Souk de la Parole » Cours d’Estienne d’Orves depuis vendredi 30 mai, jusqu’à aujourd’hui dimanche 1er juin. Découverte en allant dîner vendredi soir, j’y reviens avec curiosité au profit d’une ballade dominicale. Comme appâté par la magie des mots, « bambou », « souk », « parole », ..., par le joyeux désordre d’une forêt artificielle, pour une installation à l’échelle urbaine, celle de la rue. J’imagine des correspondances symboliques…


Marseille, ville Babel, à l’avenir précaire comme une construction en bambou au désordre apparent. Nomade, légère, forte et fragile, la ville est voyage autant que rêve, partage autant que solitudes, silence autant que flots syllabiques. Est-ce une piste à suivre ? Comment lire cette installation d’importation, qui nous raconte des mondes inconnus à la dérive des mots, plantée à deux rues des rives du vieux port ? Qu’est-ce que ça raconte aux marseillais ? Qu’est-ce que ça dit de Marseille ? Le (dés)ordre précaire serait-il la cohérence du projet Marseille 2013 ?

Les mots ont-ils encore un sens quand l’information est communication, poudre aux yeux et faux semblants ? Village de bambou, village de mots valises, de mots vrais, sortis des rêves d’un homme, Bambuco, qui a entraîné une troupe - la compagnie Caracol - et nous tous dans son rêve. Acteurs, bonimenteurs, conteurs, slameurs, poètes, musiciens, acrobates, … ils font battre le cœur de la ville dans un souk polyphonique. Marseille Babel éphémère, Babel éternelle depuis plus de 2600 ans.

Découvert sur une table, un passeur, une boussole linguistique indispensable pour mieux naviguer dans le commerce humain, le « Dictionnaire des Mots français d’origine Arable », de Sarah Guemriche (Edition du Seuil). Je l’avais déjà remarqué sur un étale de la librairie de la Vieille Charité. Mais là, abandonné sur une table verte au hasard des lecteurs, c’est un passeport pour Babel. Qui sait que « bougie » vient de l’arable ? De Bijaya, Béjaïa, ville de Kabylie réputée pour sa cire dès le 5ème siècle après JC. Que cette bougie éclaire votre curiosité, il y a plus de 400 mots français d’origine arable, deux fois plus que ceux d’origine gauloise. Les mots ne mentent pas sur notre histoire, ils l’arrangent, la travestissent parfois, mais ne peuvent effacer la trace indélébile de l’échange et du métissage.

 

 Si je m’étais plaint fut un temps de l’absence d’une présence numérique de la candidature phocéenne pour 2013, satisfaction de voir que là aussi, les choses sont en progrès. Le site officiel de la candidature est bien fait. Y a même un blog 2.013 qui renvoie vers d’autres blogs : explorations-urbaines, Marseille2013.Org, Actoral, … ;-) Bien que nomade, par appartenance territoriale d’adoption, je suis ravi de soutenir la candidature de Marseille Provence 2013 via ce blog. Bannière jusqu’à la désignation, pour dire que nous méritons d’être reconnu comme un carrefour de cultures.

 

La suite de ce billet dans une galerie photo, c’est ici. Remerciement à Lieux Publics pour cette manifestation ludique et populaire, appréciée ce 1er jour de juin.

 

 

Si vous prenez vos rêves pour la réalité … Mes réponses au questionnaire diffusé dans La Provence, Marseille l’Hebdo et sur Grenouille FM, à l’occasion de ce souk de la parole.

Quelle langue aimez-vous écouter ?

Celle qui me fait rêver, celle qui me fait aimer, qu’importe si ce n’est pas toujours la même.

Si vous deviez repeindre votre rue ou votre quartier, comment et avec quels motifs ?

Repeindre en vert végétale, avec de vraies plantes qui recouvriraient le gris des murs, pour faire respirer le quartier.

Sur un coup de tête, vous prenez un billet d’avion. Pour qu’elle destination en Europe, en méditerranée ?

Berlin pour me connecter vers l’Est. Istanbul pour être à la porte de l’orient. Et un billet sans retour pour mille destinations (Valence, Barcelone, Lisbonne, Cordoue, Bruxelles, Rome, Vienne, Prague,…) pour ne jamais m’arrêter d’être émerveillé.

Dans quel endroit de Marseille accrocheriez- vous la Joconde ?

Sur la tour du fort Saint Jean, toile géante qui dirait en couleur à l’entrée de la rade, que Marseille est une femme.

Pour vous, quel voisin idéal ?

Celui qui sourit à la vie, qui ne fait pas trop de bruit la nuit, et qui habite mes absences de sa bienveillance.

Quel est le dernier mot que vous ayez appris ?

Que « bougie » vienne de l’arabe, lumière de tolérance qui témoigne que notre culture n’est qu’échanges et métissage.

Qu’est-ce qui vous surprendrait le plus ?

Que l’âme du souk de la parole continue de planer sur cette place, une fois l’installation partie vers d’autres villes Babel.

Quand vous ouvrez votre fenêtre, quels sont vos bruits préférés, et ceux que vous détestez ?

Le bruit des oiseaux qui chantent et de l’air chaud qui fait mûrir les abricots du jardin. Je déteste le bruit du klaxon, témoin irascible de la nervosité urbaine.

Pourquoi, pourquoi… être venu, rester, partir ?

Venu par curiosité. Resté parce que je suis redevenu quelques heures un enfant émerveillé. Partir parce qu’il faut bien finir par rentrer. La poésie du souk est éphémère, il faut la faire vivre, ailleurs, …

 

 

Tag(s) : #Marseille 2008 et au delà
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