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Une semaine de reprise dans la torpeur estivale, où la vraie rentrée finira bien par pointer son nez, plus tard... Une semaine au bruit du canon qui a rappelé que la France était en guerre en Afghanistan. Une semaine qui met à l’honneur à un député UMP, Etienne Pinte, dissident du populisme sur l’immigration qu’entretient son camp. Une semaine pour réfléchir au renouvellement de l’écologie politique en France.

 

La France était dans une guerre virtuelle, la mort la ramène à la réalité

C’est en toute discrétion, que des troupes françaises plus nombreuses ont été envoyées par notre omniprésident, relever leurs collègues de l’OTAN dans le bourbier afghan. Chirac avait fait le service minimum dans ce conflit. Sarkozy en homme de rupture a donné des gages à GW Bush en mars dernier. Plus de matériel, plus d’hommes engagés plus avant dans les combats, ... Une sale guerre, presque une guérilla rurale et montagneuse de résistance, qui dure depuis 2001, où les talibans reprennent du terrain face aux occidentaux occupants. La France était dans une guerre virtuelle. Pour le moins, le débat (politique et médiatique) sur notre implication avait été minimal (pour ne pas dire inexistant hors des hautes sphères) lors de cette décision omniprésidentielle en mars 2008. Le SIRPA avait servi la soupe d’une armée française partit pacifier une terre lointaine. Et le quidam français savait à peine que des militaires français risquaient leur peau en Afghanistan.

Cette semaine, fin du conflit virtuel, la mort s’invite dans l’agenda. Dix soldats français fauchés dans un accrochage avec l’ennemi taliban près de Kaboul. L’émotion est grande, la polémique sur le déroulement de l’accrochage va bon train.

Arriverons-nous à dépasser l’émotion et la polémique, pour évaluer collectivement ce que nous faisons dans le bourbier afghan ? Combien de millions d’euros sommes nous prêts à y dépenser et pourquoi ? Pour y construire des écoles ou y faire pleuvoir des missiles ? Combien de militaires sommes nous prêts à y laisser sur le carreau ? Doit-on utiliser notre force armée pour des missions de maintien de la paix en relation avec des ONG, ou la laisser combattre contre un ennemi qui se renouvelle sans cesse ? Jusqu’à quand ? Qui combat-on vraiment là-bas et pourquoi ? Ce « combat contre le mal » n’est-il pas une dangereuse chimère, une croisade anachronique ? Notre émotion pour la mort de dix soldats dont le métier est d’essence risqué, n’est-elle pas hypocrite, quand les dommages collatéraux, ces milliers de civils afghans victimes du conflit ne nous tirent pas une larme ?

Condoléances aux familles, afghanes et françaises.

 

Etienne Pinte, député UMP dissident du populisme sur l’immigration

Je vais finir par apprécier un député UMP, pas tous, pas n’importe lequel, mais le point de vue « La paille et la poutre » qu’Etienne Pinte a publié dans le Monde daté du 19/08/08, me réconcilie avec quelqu’un qui n’est pas un godillot. E. Pinte, député UMP des Yvelines, s’enquille le Ministre Brice Hortefeux et son collègue Frédéric Lefebvre (député et propagandiste officiel de l’UMP), à propos des violences et des manifestations dans les centres de rétentions administratives. CRA, ces cages à clandestins, qui sont en bordure des droits de l’homme, où l’on enferme tous ceux en attente d’une mesure d’expulsion du territoire. Ces centres de la honte qui flambent, quand la concentration des « retenus » dépasse les limites « d’incarcération », quand l’exaspération de personnes raflées contre leur évidente intégration explose…

Ce ne sont pas les associations (La Cimade, le Gisti, Réseau Education Sans Frontières ou SOS-Soutien aux sans-papiers) qui menacent l’ordre public, mais une politique absurde. La solution passe par le respect des textes (pas plus de 145 personnes / CRA) et surtout par une révision lucide de notre politique d’immigration. La solution n'est pas d'interdire une manifestation au pays des droits de l'homme au moment où nous exprimons à la Chine des réticences en la matière. Avant de jeter l'opprobre sur les associations, que les responsables politiques assument leurs responsabilités et prennent conscience de la poutre qui aveugle leur jugement.

 

Etienne Pinte m’apparaît comme un dissident dans son camp, un humaniste chez les conservateurs qui ne pouvait plus se taire, face à l’impasse populiste du Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale. Face au suivisme de ses collègues UMPistes, qui laisse des représentants du peuple justifier l’ignoble sans vraiment y croire, pour prendre des parts de marché électoral au FN. Sa voix mérite d’être entendue, à gauche, mais à droite surtout. Hortefeux et Ledebvre ne peuvent dilapider l’héritage humaniste français, dont d’aucuns de leurs collègues UMP se réclament. Il y a des ruptures avec la honte, que son camp mériterait de méditer. E Pinte les y invite.

 

Renouvellement de l’écologie politique française, par le haut, à l’européenne ?

Les Verts français, qui organisent cette fin de semaine leur Université d’Eté à Toulouse, ne se réunissent pas encore dans une cabine téléphonique. Néanmoins, les troupes sont maigres, les chapelles/courants nombreux et dispersés. L’écologie politique française semble atomisée, presque dissoute, à tout le moins inaudible. La faute au 1,57 % à la présidentielle de 2007, aux contrecoups du Pacte Ecologique et du Grenelle de l’Environnement…

Comme le Grenelle peine à accoucher de mesures concrètes et ambitieuses. Que la tarte à la crème du développement durable n’est qu’une façade tendance des partis traditionnels, dont les technocrates apparatchiks et élus n’ont pas changé de culture productiviste, …Il y a nécessité d’avoir une écologie politique française forte, crédible et audible.

J’aime bien l’idée de Daniel Cohn-Bendit, « Europe écologie », initiative politique pour les élections européennes qui vise à rassembler les écologistes de tous poils (Vert, Orange, représentants d'ONG environnementales et de la société civile, …) pour faire entre 10 et 15 % en 2009. Toutefois, Dany le rouge, que ses collègues français verts considèrent trop « libéral », arrivera-t-il à rassembler large pour réussir à renouveler l’écologie politique française ?

Tâche difficile et ingrate, car nos « Verts » aiment les batailles de marigot bio qui ne génèrent aucun succès électoral. Une culture de l’échec en quelque sorte, même si des alliances pragmatiques dans certaines régions et villes peuvent me donner tort. Au niveau national, les Verts ne pèsent plus rien ou pas grand-chose, alors que leur fond de commerce est plus que jamais dans l’air du temps. Alors qu’il y a urgence écologique, …

Trop à gauche ? Sans doute. J’entendais ce vendredi matin sur Inter, Noël Mamère, qui clamait que l’écologie n’était pas compatible avec le libéralisme. « Marché » et « entreprise » sont presque des gros mots dans la culture verte gauchisante, qui court après les altermondialistes, José Bové et ses amis. La position « officielle » était jusqu’à présent un ancrage à gauche toute, avec câlin au grand frère socialiste pourtant bien mal en point. Quel drôle d’attelage de « gagnants » que l’infirme et le boiteux …

Les Verts français vont-ils pouvoir bouger de cette position dogmatique, pour ne pas passer à côté de la croissance économique verte, avec un renforcement des exigences environnementales pour orienter le marché ? Vont-ils faire ce cadeau à Sarkozy et aux grandes entreprises, ou développer une culture de l’entreprenariat, qui servira les PME et le développement local ?

Bon courage, Dany !

 

Tag(s) : #chronique de la semaine
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