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Avec un peu de recul, je reviens sur la visite du Pape en France, cette mascarade où le l’omniprésident du pays – par ailleurs président temporaire du Conseil de l’Europe - a joué les bigots. Le Saint Nicolas de pacotille a joué mezzo sa partition évangélique, pour ré-enchanter une paroisse qui se sécularise irrémédiablement. Nous analyserons sa petite musique divine plus loin.

EuroTopics publie une carte de la croyance en Europe très intéressante. Si les maltais croient en dieu à 95 %, les grecs et les portugais à 81 %, les polonais à 80 %, les français ne sont que 34 % qui répondent « oui » à la question « croyez-vous en Dieu ? » Juste devant les danois (31 %), les suédois (23 %), les tchèques (19 %) et les estoniens (16 %).  Bigre, la pensée des Lumières - ces rationalistes qui ont dépassé la vérité de l’autel pour s’inscrire dans le doute - qui a enfanté une école humaniste laïque, riche et féconde, a fait des ravages.

Et malgré (à cause !) de cette sécularisation avancée, tant en France qu’en Europe, l’omniprésident se fait prêcheur, fils de dieu et fan du « très saint-père »… J’ai la laïcité qui me démange, à chaque fois que ça le reprend. Ne pas en rester à l’écume des mots prononcés à l’occasion de la visite papale. Cette transgression de la laïcité mise en scène pour ne pas « trop » provoquer les français (cf épisode de Latran), juste les titiller. Mise en scène médiatique pour les habituer au concept de « laïcité positive », ou plutôt un non concept, une escroquerie sarkozienne de plus !

 

On retrouve le dessin de cette laïcité positive, dans le livre « La République, les religions, l’espérance », que Nicolas Sarkozy a écrit en 2004 avec le père dominicain Philippe Verdin et le philosophe Thibaud Collin. NS y développe sa vision de croyant, partant du principe de l’épuisement supposé du sens dans un monde livré à la seule quête du bien matériel. La sécularisation forcenée et insensée aurait injustement et dangereusement sacrifié l’espérance, elle nous aurait fait perdre le « sens » de la vie, cette transcendance indépassable. D’où une crise de la modernité qui plaide en faveur d’une laïcité « positive », pour ré-enchanté notre société et la sortir de l’impasse spirituelle du rationalisme et de l’humanisme sans foi. « Je crois, écrit-il, au besoin de religieux pour la majorité des femmes et des hommes de notre siècle. La place de la religion dans la France de ce début troisième millénaire est centrale ».

Ainsi, NS considère-t-il la laïcité comme intégriste, revancharde, crispée voir même sectaire, alors qu’elle devrait être redéfinie dans un souci d’ouverture, ne plus « contraindre » la foi mais au contraire la positiver. L’espérance, porte ouverte sur la transcendance, est à ce prix : la « laïcité positive ».

 

NS et B16 étaient parfaitement en phase à Paris, complices d’un même forfait, d’un même combat, tous deux en faveur d’une nouvelle « laïcité positive » car la France en a tellement besoin… Malgré les apparences, c’est une attaque en règle contre la République et la loi de 1905, qui reconnaît ses citoyens en dehors de leur communauté philosophique ou spirituelle. Une attaque fourbe, qui voudrait enrichir la laïcité d’un mot pour la vider de son sens, lui tendre le piège sémantique diabolique du positif ! Pourquoi les laïcs crieraient-ils au scandale, si leur laïcité chérie est plus belle en devenant « positive » ? Positif, n’est-ce pas dans l’air du temps, une valeur bien connotée ? Et pourtant, la laïcité positive, c’est moins de laïcité !

Sans vouloir jouer les rabats joie légaliste, faut-il rappelé que l'article 1er de notre Constitution est très clair : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » et que selon l'article 5, « le Président veille au respect de la Constitution ». Aussi, il ne faudrait pas que notre omniprésident prenne trop de liberté avec les textes. Qu’il soit prêcheur de l’espérance pour l’au-delà dans ses affaires privées est une chose, mais son statut lui interdit de conduire le combat d’une laïcité positive qui privilégierait le croyant à l’infidèle.

 

Tag(s) : #La Laïcité qui démange
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