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Se dirige-t-on vers une soft dictature ? Question pour une année de chronique politique qui s’ouvre. 2012, c’est encore loin !!!
L’omniprésident moque le roi fainéant
Lors de ses vœux aux parlementaires et aux élus de Paris, Nicolas Sarkozy entre deux autopromotions de son action, a moqué à mots couverts Jacques Chirac le roi fainéant. Pour mieux se féliciter d’être un omniprésident, de décider de tout et de tout faire dans le gouvernement. Faut dire qu’il ne chaume pas, notre omniprésident. Entre deux actions d’éclat à l’international pour sauver le monde, il asservit l’audiovisuel public, remet en cause du droit d’amendement du parlement, reprend en main la justice, …
Une vraie tornade réformiste, un champion du monde de l’effet d’annonces qui fatigue les français. C’est peut être ça la stratégie Sarkozy, l’effet d’usure. Allumer de multiples foyers de mécontentement et de division, en éteindre quelques uns, pour passer en force sur d’autres, revenir à la charge… Une méthode de gouvernement sans réelle cohérence, où les contre-pouvoirs sont taclés/démontés, où les caisses vides financent un 1er plan de relance et un 2nd à venir, où le barnum du Grenelle de l’environnement a été démonté/oublié pour 2009, …, où tout tourne autour du souverain républicain qui sombre dans le narcissisme aigue.
Des médias rebelles en 2009 ?
Même Le Point, journal peu suspecté d’être inféodé à l’opposition, s’interroge sur Nicolas Bonaparte. N’en fait-il pas trop ?
Jeudi 8 janvier, une nouvelle alliance médiatique de 6 titres de presse, a lancé un appel commun contre la «régression de nos libertés» et les «abus de pouvoir» du président de la République. Mediapart, Le Nouvel Observateur, Marianne, Charlie Hebdo, Rue 89 et Les Inrockuptibles, soutenus par Reporters sans Frontières, veulent dire stop à l’omniprésident : « une République où le pouvoir exécutif impose ainsi sa loi au pouvoir législatif et ses désirs au contre-pouvoir médiatique n'est pas une démocratie digne de ce nom ». Cela va mettre de l’ambiance au Sénat, où les sénateurs goûtent peu d’examiner un texte déjà en partie appliqué par volonté omniprésidentielle. Je parierai même de JF Copé va vouloir faire une interview dans les Inrock, pour taquiner l’agité du château ;-)
En même temps, je n’ai pas entendu un mot de cet appel sur France Inter. Alors que les Etats généraux de la presse viennent de rendre leur copie. 90 recommandations synthétisées dans un Livre vert, qui "ne préjugent pas des décisions retenues et des arbitrages gouvernementaux qui interviendront dans les prochaines semaines", a indiqué la ministre de la Culture et de la communication. En clair, c’est l’omniprésident qui décidera. Et entre deux mesures d’urgence pour aider le secteur, il va faire passer un gros paquet « concentration ». Faut bien continuer de servir Bolloré, Bouygues, Lagardère, Dassault, … Une concentration qui rime avec moins d’indépendance, nécessairement. La rébellion n’y survivra pas.
Une justice moins indépendante en 2009 ?
Poursuivant sa stratégie d’usure et de déboulonnage des contre-pouvoirs, l’omniprésident veut s’attaquer aux juges d’instruction. Objectif : transférer l’indépendance de petits juges (faillibles), vers un parquet aux ordres. Le juge enfin pendu, dansez Messires ! Les « affaires » (trafic d’influence, corruption, …) vont pouvoir prospérer, suffira d’être suffisamment bien protégé.
Bien entendu, un discours du chef de l'Etat, avant même le dépôt du rapport de la commission Léger sensée proposer une réforme, et avant surtout tout débat parlementaire, ne fait pas une loi. Le juge n’est pas encore pendu. Mais son sort semble scellé, l’omniprésident l'a annoncé devant la cour de cassation en entier. Il ne peut se dédire sans perdre la face ou pire, donner l'impression de céder note maître Eolas. Sarkozy gouverne à l’esbroufe, même quand il s’agit de « révolutionner » la justice française.
Une réforme annoncé qui n’a pas fini de déclencher un tollé, si l’on en croit le très bon blog d’Eolas, référence pour juristes et non juristes. Sarkozy a mis le feu aux palais de justice.