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L’EPIA, fédération européenne de l’industrie photovoltaïque, lance ce 25 mai à l’occasion du salon Intersolar à Munich, une campagne européenne d’information sur l’électricité solaire et sa contribution à la consommation électrique en 2020. Alors que les pays membres de l’UE doivent préparer leur feuille de route pour les énergies renouvelables d’ici le printemps 2010, cette campagne vise à sensibiliser citoyens et décideurs sur le potentiel d'une contribution significative d’électricité solaire.


L’étude que l’EPIA a réalisé avec le cabinet AT Kearney, montre que le photovoltaïque pourra être un contributeur significatif d’ici 10 ans, en fournissant jusqu’à 12 % de l’électricité européenne en 2020 à un coût compétitif.


Nous sommes à la croisée des chemins, pour décider si nous voulons bâtir sur le continent européen une industrie majeure du 21ème siècle. Nous devons décider maintenant si le photovoltaïque apportera une contribution marginale à la demande électrique européenne en 2020 (1% ou moins comme vise le gouvernement français), si sa contribution sera significative, 10, 12 % ?


Une contribution significative du photovoltaïque sera nécessaire pour atteindre l’objectif du paquet énergie-climat de l’Europe (EU’s 20/20/20 targets). L’électricité solaire sera une composante importante du mix énergétique du futur, qui doit intégrer 20 % d’énergie renouvelable d’ici 2020



Nous pouvons décider aujourd’hui de quelle ambition solaire nous avons pour l’Europe de demain. En 10 ans, la contribution du photovoltaïque est passée d’epsilonnesque à marginale. De 90 MW installés en Europe en 1998 à plus de 9 000 MW en 2008. Nous devons décider aujourd’hui de l’ambition solaire pour 2020. Le potentiel 2020, ce situe entre 400 000 MW si nous changeons de paradigme  et 150 000 MW installés en Europe, si nous nous contentons d'une politique pro-active ? Et beaucoup moins si l’on écoute les lobbys du fossile et du fissile.


Bien entendu, l’électricité solaire est aujourd’hui sous perfusion des tarifs d’achat qui sont appelés à se généraliser dans toute l’Europe. Toutefois, ce soutien temporaire n’est pas un coût mais un investissement. Il permet de générer une dynamique de marché qui va rendre l’électricité solaire compétitive dès avant 2020 en Europe. Le coût du photovoltaïque baisse de plus de 20 % à chaque fois que l’on double la capacité de production. Il est au porte de la compétitivité à court et moyen terme pour toute l’Europe.  AT Kearney a calculé que le soutien à la filière via le tarif d’achat pour atteindre la parité réseau dans la trajectoire des 12% 2020, représentait entre 155 à 235 milliards d’euros financés sur 20 à 30 ans. Cet investissement génèrerait des retombées positives pour l’économie européenne largement positive, entre  50 et 300 milliards d’euros de bénéfices nets, déduction faite de l’investissement. Avec des dizaines de milliers d’emplois pour une énergie durable à la clé.


Il y a là une opportunité de générer une politique multilatérale vertueuse, qui renforcerait une intégration économique pour la croissance verte. Le photovoltaïque a ce potentiel d’être à l’énergie, ce qu’Airbus a été à l’aviation : un succès européen mondial, qui plus est pour combattre l’effet de serre.


L’essentiel de ce pari industriel et énergétique pour une Europe solaire, va se jouer en Allemagne, en Espagne, en France et en Italie, et dans une moindre mesure au Royaume Unis. C’est de ces 5 pays que dépendent la masse critique et la dynamique du marché.  Ce pari d’une Europe solaire implique bien entendu les 22 autres Etats membres en sus du noyau dur des 5. Les 27 membres sont tous concernés par ce changement de paradigme, et verront une pénétration accrue d’électricité solaire dans leur consommation, le développement d'un nouveau secteur pour leur économie.

 

L’Allemagne est la championne du monde de l’industrie solaire. Alors que la crise frappe durement son commerce extérieur, son secteur solaire est un pilier économique pour traverser la crise et rebondir. Par ailleurs, le boom solaire américain va lui ouvrir une fenêtre d’expansion et le marché intérieur est durablement orienté à la hausse (1,5 à 2 G/an d’ici 2012). Elle pourrait soutenir le défi des 12 % 2020 en photovoltaïque, pour viser un parc installé de 80 GW. Cela entretiendra son leadership mondial dans le domaine.


L’Espagne s’obstine dans son choix de sortie de nucléaire. Si le gouvernement a réduit voilure sur le soutien au marché (400 à 500 MW en 2009, contre plus 2000 MW en 2008), son ensoleillement et son coût élevé de l’électricité, va rendre le photovoltaïque compétitif à brève échéance (2012/14). Aussi, l’ambition de 40 GW installés en 2020 n’est pas démesurée. D’autant que la croissance verte fait partie des remèdes administrés pour traverser la crise, et le solaire est considéré comme un moteur de la nouvelle économie ibérique. L’Espagne a le potentiel d’installer 4 à 5 GW par an à partir du moment où la parité réseau sera atteinte.


La France, qui se vante de vouloir être un acteur mondial du secteur solaire, joue pour l’instant petit bras. Elle vise 5 400 MW installés en 2020, 10 fois moins que le potentiel estimé par AT Kearney (60 000 MW). JL Borloo, bon tribun,  peut faire de beaux discours à l’INES devant un parterre de nucléocrates, même avec l’ambition nouvelle du Grenelle de l’Environnement, nous sommes relégué en deuxième division solaire. 5,4 GW ne font pas 60. La faute à l’atom’cratie ? Le politique va-t-il comprendre les enjeux et faire entendre raison à une administration rétive à l’électron solaire ?


L’Italie a des similarités avec l’Espagne, même si le gouvernement de Berlusconi a annoncé vouloir reprendre la construction de centrales nucléaire. Son ensoleillement et son prix élevé de l’électricité, va rendre l’électricité solaire compétitive à court terme. Son programme actuel de soutien au tarif, devrait l’amener à installer 300 à 500 MW en 2009, et le double en 2010. L’objectif de 55 GW installés en 2020 paraît élevé, mais les italiens pourraient créer la surprise. Le soleil fait partie de l’art de vivre en Italie, et s’insère très bien dans le logiciel entrepreneurial latin. En outre, le solaire permettra de faire baisser la facture électrique italienne, ce qui devrait le rendre très populaire.


Pour le Royaume Uni, les choses avancent péniblement. Un tari d’achat de l’électricité solaire devrait voir le jour en 2010. Reste à savoir si un secteur encore embryonnaire, pourra s’élever suffisamment vite pour atteindre 22 GW installés en 2020. Toutefois, l’électricité traditionnelle étant chère, et les anglais cultivant le goût de l’indépendance,  le secteur solaire pourrait être une option retenue pour le royaume unis pour sortir du marasme économique. Leur suivisme atlantiste les y motivera.

 

L’Europe va-t-elle relever ce pari solaire, favorable à son intégration et sa cohésion, bénéficiaire pour son économie et nécessaire pour sa responsabilité climatique ? L'Europe va-elle choisir le paradigme solaire ? Ou va-t-elle préférer céder aux lobbys du fossile et du fissile, qui vont plaider pour investir ces milliards dans la séquestration de carbone et la construction de centrales nucléaires ?


Rendez-vous sur www.setfor2020.eu pour en savoir plus dès le 25 mai. La campagne est ouverte à tous les citoyens européens pour porter l'utopie concrète d'une Europe solaire ;-)

 

Source des graphiques : EPIA

Tag(s) : #Solar Buzz
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