François Hollande veut sortir le solaire français de l’impasse

L’équipe de François Hollande a le sens du tempo. Alors que Sarkozy était venu jouer le pompier pyromane du solaire chez Photowatt le 14 février, elle a mis en ligne un dossier thématique sur l’électricité solaire. Le candidat Hollande y va de son diagnostic des errements politiques depuis 2007 et fait des propositions pour sortir le secteur solaire français de l’impasse.

A ce jour, 15 février, les propositions sont au nombre de trois :

-  Mettre en place un cadre réglementaire stable et transparent qui favorise le développement de la filière industrielle du photovoltaïque en France et en Europe ;

-  Impulser une politique industrielle pour les énergies renouvelables, avec la création d’un fonds de capital-investissement au sein de la future Banque publique d’investissement pour soutenir l’innovation et les entreprises qui s’engageront dans cette filière ;

 -  Favoriser la production et l’emploi en France en orientant les financements (bonification des tarifs d’obligation d’achat…), les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités ou qui seront offensives à l’exportation ;

Je remarque que deux propositions ont été retirées du site de Hollande dans l’après-midi du 14 février :

-  Fixer une trajectoire progressive de développement de la filière afin d’atteindre 20GW de puissance installée en 2020 ;

- Doubler le plafond du livret développement durable, en le portant de 6 000 à 12 000 euros. Le crédit d’impôt recherche leur sera rendu plus simple et plus accessible.

La problématique LDD de 6 à 12 000 euros n’est pas un enjeu stratégique de court terme pour le secteur solaire. En revanche, la trajectoire volumétrique sur le mandat 2012-17 est le véritable enjeu stratégique. C’est de l’objectif 2020-17 (20 GW ?) que découlera le cadre réglementaire stable et le dosage de politique industrielle.

François Hollande aurait intérêt à officialiser/rétablir sa proposition d’une « trajectoire progressive de développement de la filière afin d’atteindre 20GW de puissance installée en 2020 ». Cela correspond à la feuille de route du secteur (Etats Généraux du Solaire Photovoltaïque), capable de créer plusieurs dizaines de milliers d’emplois d’ici à 2020 et de développer une industrie solaire française. C’est aussi l’objectif du collectif Superwatt de Photowatt, qui a remis son cahier de propositions pour la filière photovoltaïque française à Nicolas Sarkozy.

L’adversaire de Hollande à la présentielle (c’est maintenant officiel J) n’a pas proposé grand-chose à la filière le 14 février chez Photowatt, si ce n’est une bonification du tarif d’achat de l’électricité solaire pour les installations réalisées avec du matériel à 60% de contenu français. Une annonce qui se transformera à 60% de contenu européen pour respecter l’Union européenne, au calendrier incertain. Est-ce une proposition de président mise en œuvre avant le 6 mai, ou celle d’un candidat pour après le 6 mai ? Surtout, Sarkozy n’a pas proposé de déverrouiller la limitation des volumes qui asphyxie le secteur…

Les premières propositions de François Hollande vont dans le bon sens de la transition énergétique et du développement de l’énergie solaire. Il est temps pour lui de dépasser les grands principes et d’afficher ses objectifs. La véritable sorte de l’impasse, c’est viser haut en terme de création d’emplois et de valeurs, c’est viser haut en terme de contribution électrique solaire au mix 2020.