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Les déchets nucléaires sont un gros problème, irrésolu malgré les décennies de recherche et les milliards d’euros engloutis. Aussi, les déchets nucléaires allemands hautement radioactifs issus du retraitement de combustibles usagés, doivent-ils revenir en Allemagne après leur traitement en France. C’est l’actualité du week-end, avec ce train nucléaire qui doit parcourir La Hague dans la Manche en France, à Gorleben en Allemagne à l’Ouest de Berlin en Basse-Saxe, chargé de déchets ultimes à vie longue.


Si la mobilisation antinucléaire est relativement limitée en France, circonscrite à la mouvance écolo pure et dure, il en va tout autrement en Allemagne. En France, le mouvement anti-nucléaire, hérité de la mobilisation des années 80, est pour ainsi dire devenu « ringard », après les centaines de millions d’euros de publicité et de marketing investis par EDF et Areva, pour justifier le choix atom’cratique. Critiquer publiquement l’atome est presque devenu un crime de lèse république atom’cratie.  

 

En Allemagne, dans un pays où la manifestation n’est pas un art de vivre, des dizaines de milliers de personnes sont mobilisées pour dénoncer les dangers du recours à l’énergie nucléaire. Ce week-end de début novembre, malgré le froid, c’est une véritable marrée humaine qui a envahi ce petit village de moins de mille habitants, qui est connu pour accueillir des déchets radioactifs allemands dans d’anciennes mines de sel. Un choix critiqués par les scientifiques…

 

 

Un article du Süddeutsche Zeitung traduit par presseurop.eu, nous apprend que la mobilisation anti-nucléaire allemande n’a jamais été aussi vigoureuse depuis les années 80. Elle rassemble toutes les couches de la population. Toute la société civile allemande est mobilisée sur cette question, pas seulement des éco-militants. Selon le journal « les anti-nucléaires ne se rassemblent plus seulement pour pointer les risques d’une technologie dangereuse, mais afin de lutter pour un mode de production d’énergie respectueux de l’environnement. Ce sont donc des patriotes, mais avant tout assez bourgeois… ». Même au sein des conservateurs, dans les rangs mêmes de la CDU (parti de Mme Merkel, Union chrétienne-démocrate), de nombreuses voix s’élèvent contre les problèmes du nucléaire.

 

 

Voilà qui devrait être regardé avec attention à Paris, aussi bien dans les rangs de l’élite atom’cratique comme au sein des états-majors politiques (Europe Ecologie, PS, UMP). Si le mouvement anti-nucléaire allemand s’est renouvelé pour devenir pro-renouvelable, qu’il attire aujourd’hui les bobos allemands, cela pourrait devenir une tendance européenne. Ainsi, l’anti-nuc.fr pourrait devenir « in », « hype », en un mot français « moderne » et en vogue.

 

Ce que ne manqueront pas de scruter des états-majors politiques français (Europe Ecologie, PS, UMP), c’est le vent porteur qui souffle dans les voiles des Verts allemands. Ils sont aujourd’hui à près de 30% des intentions de vote, devant le SPD (les socialistes allemands), ils talonnent le CDU. Le rdv de Gorleben est donc important pour eux, car il est une démonstration de leur capacité à mobiliser tout en incarnant le porte-voix de l’opinion publique. Car leur action pour faire sortir l’Allemagne de l’énergie nucléaire entre en résonnance avec l'opinion publique, qui est majoritairement hostile au nucléaire. Une opinion publique mécontente du vote des députés allemands, qui ont adopté la semaine dernière le projet de loi prolongeant d’une dizaine d’années la durée de vie des dix-sept réacteurs nucléaires allemands, alors que le pays devait sortir du nucléaire en 2020.

 

 

Avec l’Europe et la collaboration franco-allemande, la lutte contre le développement de l’énergie nucléaire, pourrait revenir en force, y compris en France. Elle est dans l’air des combats de l’époque : contre la centralisation, contre la concentration, contre les déficits, pour la liberté, pour le respect de l’environnement, pour la sécurité et la paix,… On ne peut imposer des choix qui engagent sur des milliers d’années, sans passer par la base démocratique.

 

L’Europe a publié ce 4 novembre, un projet de directive sur la gestion des déchets nucléaires. Celle-ci impose aux États membres de présenter leur programme, avec calendrier, emplacement et modalités de construction et de gestion des centres de stockage définitif de déchets nucléaires. Cela donne un cadre réglementaire supranational, qui va forcer la France (et les autres états membres) à jouer la transparence. Transparence démocratique nécessaire pour déconstruire le mur atom’cratique…

 

Rappelons que chaque année, sept mille mètres cubes de déchets radioactifs non retraitables, d'une capacité de nuisance d'un million d'années, sont produits par les 143 réacteurs de l'UE, dont 58 en France. Cela appelle un débat démocratique jamais engagé. Il se fera obligatoirement en Allemagne et il sera sans nul doute mené avec vigueur et rigueur. Nous pourrons nous en inspirer en France, importer de l’expertise et leur expérience,…

 

 

Tag(s) : #France atom’cratique
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