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J’entendais ce matin 1er mars Nicolas Sarkozy sur France Inter, qui répondait à l’interrogation d’un auditeur à propos de ses déplacements depuis 5 ans où NS ne rencontrait que des militants UMP triés sur le volet à la place du véritable « peuple français ». Le candidat/président disait que non, que ce n’était pas vrai, qu’il était le président de tous les français qu’il rencontrait sans distinction d’appartenance, un vrai champion de l’ouverture… blablabla.

Nicolas Sarkozy mentait de façon éhontée à l’antenne sans être contredit par les journalistes. Car oui, depuis 5 ans, ses voyages en France ont quasiment tous – après quelques incidents en début de mandat – été construits sur le modèle d’une visite de villages Potemkine. Selon la légende, de luxueuses et fausses façades avaient été érigées à la demande du ministre russe Potemkine, afin que l'impératrice Catherine II ne voit pas la pauvreté des villages de son empire qu'elle traversait.

Les services d’ordre et de communication de l’Elysée, en cheville avec l’appareil UMP, ont fait en France depuis 5 ans, presque pareil que Potemkine en Russie au 18ème siècle. Les manifestants et leurs banderoles ont toujours été cantonnés bien loin des cortèges officiels du président en province. A chaque sortie du président, les militants/sympathisants UMP étaient alignés pour faire la claque, les mécontents/revendicatifs étaient mis loin des yeux du président et surtout des caméras. C’est la version moderne de Potemkine façon Sarkozy, il fallait que les images tournées à l’occasion de ses déplacements donnent à voir celle d’un président aimé des français.

 

Et puis ce 1er mars à Bayonne, tout dérape. Un gros millier de personnes, jeunes en majeur partie, l’ont reçu avec une double dose de piment d’Espelette. Sarkozy a été hué et conspué, les militants UMP inaudibles sous la bronca des opposants, le service d’ordre a été dépassé. Le candidat président a du se réfugier pendant une heure dans le café où il devrait rencontrer des « français triés sur le volet ». Il sera « exfiltré » du café avec un renfort de CRS… Le café était situé place du pilori, ça ne s’invente pas J

Il y a un très bon son du journaliste de Libération sur cet évènement, il était sur place à Bayonne. Grégoire Biseau nous raconte que toute la déambulation du candidat UMP dans le vieux Bayonne, d'1/2h, s’est déroulée de façon désagréable pour NS. Pour la première fois, il a rencontré une foule disparate, non violente, mais très clairement opposée à lui, qui dépassait en nombre ses militants. Les « Sarkozy dégage, Nicolas kampora » ce qui veut dire la même chose en basque, ont écrasé les « Nicolas président » et fait peur au candidat.

 

Nicolas Sarkozy a sur-réagit à cet évènement déplaisant pour lui. Il a désigné les manifestants comme des terroristes liés à l’ETA. Il a accusé Hollande d’avoir « annoncé l'épuration, ..., ça échauffe les esprits des gens de la base » et quasiment le PS d’avoir monté un guet-apens. « EPURATION », vous lisez bien. Le président du peuple se fait conspuer à Bayonne et il accuse Hollande de vouloir faire de « l’épuration » dans la haute administration de l’Etat, ce qui enflammerait l’esprit des  militants PS... Du grand n’importe quoi face à un mouvement de foule spontané d’un gros millier de personnes, des militants de l’opposition, de l'indépendance basque, qui ont bruyamment manifesté contre le candidat. Pas de violence mais une profonde hostilité...  

 

Ce matin, sur Inter, nous avions un Sarkozy encore président qui voyageait comme Catherine II, au milieu des villages Potemkine pleins de gentils militants UMP. Il s’est pris la réalité en pleine figure à Bayonne l’après-midi même. Voyager comme candidat n’offre pas le même confort qu’en tant que président, il y a maintenant de vrais français pas contents sur le chemin. Là, d’un coup, il a découvert qu’ils étaient beaucoup plus nombreux que ses supporters. Ça a blessé son orgueil, il a découvert le peuple et ses humeurs…

 

Ce mouvement de foule à Bayonne va sans doute inspirer d’autres opposants et militants de l’alternance, lors des prochains déplacements de Sarkozy. Un vrai casse-tête pour son service d’ordre. Le président de peuple risque de se voir coupé du peuple, pour éviter de nouveaux épisodes hors des villages Potemkine de l’UMP.

 

 

Tag(s) : #Elections 2012
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