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L’on va sans doute me cataloguer un comme anti-nucléaire primaire, avec ma rubrique « France atom’cratique » sur ce blog. Il n’en n’est rien, je suis juste pour la transparence, pour mettre en lumière et en perspective la réalité de la filière nucléaire. Si nos élites françaises, trop longtemps biberonnées au lait atom’cratique considèrent le nucléaire comme un dogme non négociable pour la politique énergétique française, la réalité est néanmoins têtue et ne plaide pas en faveur de l’atome.


Venons-en au sujet de ce billet, la perte par EDF d’un à deux milliards d’euros dans son aventure nucléaire aux USA, avec l’achat de Constellation Energy en 2008. Une perte énorme qui ne tient pas compte que le rêve de printemps nucléaire américain que faisait l’atom’cratie française s’est envolé/dissipé, et avec lui, les projets de vente et de construction d’EPR. Soit un non gain de dizaines de milliards d’euros en plus de la perte sèche entre un et deux milliards d’euros. Une désillusion atomique astronomique, que notre élite devra méditer…

 

C’est une petite brève dans Les Echos du 28 septembre qui a attiré mon attention, sur la perte importante que subit EDF avec Constellation Energy. Pour un investissement de 3,3 milliards d’euros fin 2008, EDF a déjà passé une provision de 1,1 milliards d’euros à l’été 2010  pour pertes à venir, l’opération est un désastre. Sans compter que Constellation Energy veut faire jouer une clause de valorisation d’actifs – des vieilles centrales thermiques - pour deux milliards de dollars, qui plombera EDF un peu plus.

 

 

Pourquoi un tel revirement et une telle veste à deux milliards d’euros en deux ans pour le champion national, plus ou moins piloté par l’Elysée et Sarkozy ?

 

Quand EDF achète Constellation Energy, le prix de l’électricité est élevé aux USA. Aussi, l’équipe française pense que si le ticket d’achat est élevé pour prendre pied sur le marché américain, elle se rattrapera en vendant beaucoup d’électricité nucléaire. EDF achète alors Constellation Energy à une forte valorisation, et fait des plans sur la comète pour lancer des chantiers EPR.

 

Hors, après cet achat, les américains développent la valorisation du gaz de schiste, dit gaz non conventionnel, que l’on trouve en abondante quantité en Amérique du Nord. Conséquences, le prix du gaz baisse sur le marché américain - qui n’est pas indexé sur celui du pétrole comme en France - et l’électricité profite d’une séquence baissière. Sans subvention ni aide fédérale, le nucléaire n’est pas compétitif face aux turbines à gaz. Constellation Energy, spécialisée dans l’exploitation de centrales nucléaires n’est plus la pépite en or qu’avait imaginé les français, mais une source de pertes à venir. Les actifs de CE sont dévalorisés en conséquence, et EDF passera à la caisse.

 

 

Fin 2010, nous sommes loin de la gloriole et des fanfaronnades que faisaient notre élite atom’cratique en 2008, et si c’est EDF qui passe à la caisse, c’est un peu tout les français qui vont renflouer ces mésaventures nucléaires américaines. OK, EDF n’est plus tout à fait une entreprise publique et Proglio pourra toujours dire que les mauvaises décisions ont été prises par son prédécesseur. Ces milliards de pertes ne seront pas pris dans la poche des contribuables mais dans celles des consommateurs d’électricité. L’ambition d’EDF de devenir un acteur mondial majeur du nucléaire commence à coûter fort cher…

 

L’atom’cratie française rendra-t-elle un jour des comptes ? Pourquoi la classe politique reste-t-elle silencieuse sur cette histoire ? Europe Ecologie et le PS vont ils réagir ? Poser des questions à l’exécutif ? Car cette casserole à deux milliards d’euros, aurait été mieux investie dans un outil industriel solaire !!! Au moins, nous aurions des emplois réels et non des pertes conséquentes et des profits évanouis !!!

 

Tag(s) : #France atom’cratique
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