Solar Décathlon Europe : deux équipes françaises dans la compétition

Où s’invente l’écriture architecturale du futur ? Dans les cabinets d’architecte peut-être, à de rares exceptions éco-satisfaisantes pour le moment. Dans les écoles et universités surement, où de jeunes poussent d’archi doivent apprendre à conjuguer les contraintes. Et très certainement au Solar Decathlon, qui est la compétition internationale ouverte aux universités pour construire une maison solaire à énergie positive.  Le but affiché de la compétition est de résoudre l’équation du bâtiment à faible empreinte écologique, en concevant une maison produisant au moins autant d’énergie qu’elle en consomme, tout en offrant un design contemporain et un bon confort de vie.

Alors que la compétition est née aux USA, organisée tous les deux ans à Washington par le Département américain de l’Energie, elle traverse en 2010 l’Atlantique pour une 1^ère édition européenne à Madrid en juin. Ainsi, l’Université Polytechnique de Madrid avec le Ministère Espagnol du Logement propose une édition européenne du Solar Decathlon du 18 au 27 juin, qui sera l’occasion d’un salon autour d’un show case de maisons solaires grandeur nature.

Sur la vingtaine d’équipes en compétition venues du monde entier pour édifier le village solaire new age à Madrid, deux équipes françaises ont été retenues. Ces bâtisseurs du futur, venus d’Aquitaine et de Rhône Alpes, portent haut les couleurs solaires françaises. Au delà du défi technique de conception, leur maison doit être construite et testée en France, puis démontée, transportée, et remontée en moins d'une semaine à Madrid.  Un travail titanesque qui demande également d’apprendre à être comptable des partenariats négociés pour financer leur projet.

Les équipes seront notées sur dix critères, dont l’architecture, les techniques de construction, la balance énergétique, l’ouverture du savoir au public, le développement durable. Au dernier Solar Decathlon américain, c'est une équipe allemande qui avait gagné. Le projet lauréat du Solar Decathlon 2009 ci-après en vidéo :

Nápévomó : le projet des indiens bordelais très green tech

Nápévomó, en langue cheyenne, signifie « est-ce que tu te sens bien? ». Aussi, selon les concepteurs de Nápévomó, « cette maison symbolise le respect de l’environnement en représentant une feuille qui se pose avec délicatesse sur la Terre. Par la maîtrise de la lumière, l’utilisation de matériaux naturels et la vue sur l’extérieur, Nápévomó fait preuve d’une grande qualité d’espace architectural, en alliant extérieur et intérieur comme s’ils ne faisaient qu’un ».

L’équipe du projet Nápévomó est constituée de douze élèves-ingénieurs de l'école des Arts et Métiers de Bordeaux. Elle a bénéficié des laboratoires de l'école d'ingénieur Arts et Métiers et du centre de ressources technologiques Ecocampus/Nobatek, ainsi que du savoir-faire de quelques entreprises régionales, des PME avec des savoir-faire pointus. Elle revendique un programme d'inspiration bioclimatique et très technique, avec une réelle préoccupation de l’impact environnemental au-delà des aspects purement énergétiques.

L'ensemble de la maison est préfabriqué en atelier avec un système de production d’énergie solaire par concentration et suivi solaire sur un axe (microcogénération), un système de chauffage-ventilation-rafraîchissement 3 en 1 (VMC double flux thermodynamique), un système passif de refroidissement d’air à matériaux à changement de phase, une toiture végétalisée légère et auto-irriguée, un système naturel de traitement des eaux usées, un système de domotique permettant une interface simple et transparente avec l’utilisateur, une solution complète d’isolation naturelle (fibre de bois et ouate de cellulose), une construction bois 100% pin maritime et de l’électroménager haute performance énergétique et consommation d’eau.

Armadillo Box : un « home concept » à fort potentiel de diffusion

L’équipe du projet Armadillo Box est rhônalpine, issue de la section « Architecture et Cultures Constructives » de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (ENSAG), en partenariat avec l’Institut de l’Energie Solaire (INES) d’Aix les Bains en Savoie, les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau (GAIA) en Isère et plus de 35 partenaires du secteur de l'énergie et du bâtiment dont, Bouygues Immobilier, Tenesol, Schneider Electric et le CSTB (Centre Technique et scientifique du bâtiment).

Leur concept Armadillo Box s'articule autour de trois modules : un noyau technique préfabriqué accueillant la cuisine, la salle de bain, la machinerie et les fluides ; une enveloppe thermique étanche à l’eau et à l’air, réalisée avec des matériaux naturels, locaux, économiques et faciles à mettre en œuvre ; et un bouclier externe protecteur et capteur de l'énergie solaire. Le tout est pensé pour pouvoir être reproduit, au meilleur coût. Le noyau technique est conçu pour être industrialisé. Au contraire, l'enveloppe thermique peut être réalisée auto-construction. La concept d’Armadillo Box se prête par ailleurs à la réalisation de maison en bandes, ou d'immeubles en petit collectif, dont elle constituerait l'unité d'habitation élémentaire.

D’inspiration bioclimatique (isolation renforcée, stores déroulants, forte inertie thermique, …), l'énergie est fournie par les panneaux solaires photovoltaïques et thermiques. Les stores extérieurs permettent de réguler, les apports, le stockage et la restitution de chaleur (ou de fraîcheur) des murs extérieurs en terre. Une ventilation double-flux complète bien le tout.

Rendez vous fin juin, pour découvrir les lauréats du solar decathlon qui participent tous à la grande aventure humaine de développement de l’énergie solaire, pour inventer un demain respectueux de l'environnement.