Je suis gré au président de la rupture symbolique, d’y avoir ajouter une touche européenne en associant à la parade militaire, une petite part de contingent de chaque pays de l’Union. Fêter l’Europe en même temps que l’on fête son pays ça ne peut pas faire de mal. Même si je souhaite sincèrement que l’on fête l’Europe autrement que militairement, c’est une question de symbole qui m’est chère.
L’Europe pourrait être la ligne de démarcation de la communication omniprésidentielle. Deux ou trois faits de com récents et leur couverture médiatique, m’invitent à soutenir l’argument que la com omniprésidentielle ne passe pas frontières. Et que les médias européens peuvent être les révélateurs de la manipulation médiatique franchouillarde. Pour le moins, le décalage de traitement médiatique interpelle.
Prenez le dernier Conseil Européen à Bruxelles, en cette fin juin, qui a accouché d’un traité modificatif mal formé. En France, quasiment tous les médias ont sacré Nicolas Sarkozy « sauveur de l’Europe ». Notre omniprésident séducteur et convivial avec les puissants de ce monde, aurait retourné la situation à lui tout seul, avec tout de même l’aide de son ami Tony Blair, et d’Angela Merkel aux prises avec les polonais. D’après les médias français, notre super nicolas a été la clé du succès d’un accord que tout le monde pensait inextricable. Et comme nicolas est super fort, il a même arraché que la « concurrence libre et non faussée » soit retirée du marbre du traité. D’aucuns le pensaient libéral ?
Ça, c’était pour la fenêtre médiaticofrançaise. Pour le reste de l’Europe (exceptée en Pologne), la presse tissait des lauriers à Angela Merkel, pour tout le travail accompli durant sa présidence de l’Union. L’accord pour débloquer et remettre en marche la mécanique européenne lui devait beaucoup, pour ne pas dire l'essentiel. Notre omniprésident avait au mieux, pour la quasi-totalité des journalistes européens non français, joué un second rôle.
Avec The theatre of Mr Sarkozy in action, The Economist pourtant suspect de gauchisme, n’est pas tendre sur la prestation de nicolas devant les grands argentiers de l’Europe. Un journaliste de l'édition allemande du Financial Times aura même été irrévérencieux, en allant jusqu’à tirer au clair les attaques répétées de Sarkozy contre la Banque centrale européenne, le forçant à désavouer pudiquement la posture française.