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Ça fait longtemps que je n’avais publié un post. Beaucoup de déplacements, des dossiers en souffrance, un peu de loisir, … et ne pas savoir quoi écrire de pertinent alors que le pays est confronté à de graves troubles sociaux et civiques.

 

A l’abri d’un centre ville, dans un confort relatif, inséré socialement, comment comprendre des maux qui ne me touchent pas directement, et qui pourtant interrogent la société dans son ensemble ? Le conflit de la RTM paraît bien dérisoire, quand dans le miroir de la nation, la politique des 30 dernières années a dépassé le stade de la gueule de bois…  Alors, prendre du recul, envisager les évènements actuels avec différentes perspectives, appréhender la complexité d’une situation où il n’y a pas de solutions simplistes. Essayer de tirer des enseignements des constats partagés, des échecs patents et des réussites qui perdurent, voir plus loin que les incendies qui finiront bien par s’éteindrent, même si le feu continuera de couver.

 

Ne pas s’attarder sur les symboles. Pas plus sur celui de la sémantique guerrière et populiste qui a mis le feu aux poudres, que sur celui de ressortir une loi du temps de l’Algérie pour traiter ici et maintenant en métropole, des épisodes sporadiques d’émeutes et de violences sur la voix publique. L’histoire se répète avec un goût amer, espérons qu’elle finisse mieux… Cela en est presque affligeant que de bêtise, on voudrait attiser les rancoeurs et la provocation, que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

 

Sur le constat, comme à chaque fois, tout le monde politique va se retrouver, disserter sur les discriminations, juger nécessaire l’ordre, le développement économique et social, l’emploi… Dans le feu de l’action, l’on va ouvrir la boite aux bonnes idées et aux projets. Et puis après ? De plans de rénovation urbaine en chantiers pour zones sensibles, l’on finira pas annuler les crédits de paiement et réduire les budgets, comme à chaque fois.  On l’aime bien Borloo, mais il s’est fait piquer par Breton avec le correctif budgétaire, plusieurs centaines de millions d’euros sur les projets menés par l’ANRU (rénovation urbaine). Je ne parle même pas des crédits de l’état aux associations (qui font le lien sociale), qui fondaient de 25 à 30 % / an sous Raf 1,2 et consorts, comme avec Dvp’1… Au gré des louvoiements budgétaires, au gré de mesures « go and stop », la banlieue fini par retrouver son quotidien d’insertion non effective et de violence plus ou moins contenue.

 

Et si cette colère, nourri par le désespoir, pouvait être salutaire en fin de compte, comme un électrochoc nécessaire pour que la société dans son ensemble s’interroge ? Décréter l’Etat d’urgence, pourquoi pas. Mais pas seulement pour rétablir l’ordre immédiat, tant il y a à faire et à réformer. Nous sommes en face d’un choix de société, où les valeurs universalistes de la France sont en question, et où c’est notre modèle social qu’il faut redéfinir, bien au-delà de nos banlieues.

 

Comment peut on encore s’abriter derrière le concept républicain, alors que  « l’égalité » frappe le fronton de nos mairies et que l’on se refuse à étudier et mettre en œuvre des moyens concrets de remédier aux inégalités flagrantes, d’affronter le racisme qui infuse au cœur de notre société ?

 

Un pays qui a comme valeur la « fraternité » peut il rester sans s’interroger, quand des immeubles insalubres brûlent avec leurs immigrés en plein Paris, sans remettre en question sa politique d’accueil et d’intégration ?

 

Peut-on pérorer d’avoir inscrit la diversité culturelle au plus au niveau international,  à l’Unesco contre l’OMC, et refuser en même temps  la diversité sexuelle, ethnique et cultuelle, dans la fabrication, la composition et le renouvellement de nos élites publiques comme privées ?

 

Peut on refuser tout autre modèle social que celui dit « français » ? Notion vague faite de corporatisme, d’interventionnisme étatique, de clientélisme, de l’ISF et de niches fiscales à foison, d'une administration dont les syndicats croient encore au grand soir tandis que dans les PME la syndicalisation est exceptionnelle, … Crier d’horreur et se scléroser devant toute évolution étiquetée libérale, anglo-saxonne, ou encore européenne, lorsque que le taux de chômage, le déficit et le malaise des banlieues infligent un démenti cruel de réalisme et de faillite ?

 

Face aux réponses et aux enjeux, il serait temps de remettre en question notre modèle sociale, de le redéfinir. De là, faire des arbitrages qui ne seront sans doute pas en faveur du conservatif et de la défense des droits acquis, de droites comme de gauches. Quel autre chemin ?

Tag(s) : #heloim.sinclair
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