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Elle avait déjà la tête en vacances, l’équipe du Monde 2 quand elle a préparé et réalisé le hors série de l’été 07 « Demain La Terre », avec une invitation à calculer son empreinte écologique en couverture. Un vrai attrape touriste peu ou prou citoyen, qui voudrait dans la torpeur de l’été, se pencher (du transat) sur notre belle bleue et son devenir.
Au final, le tour des 100 acteurs (têtes d’affiche) qui oeuvrent pour sauver la planète se révèle fastidieux. Le style magazine avec grandes photos en grand angle, pour fuir le style people écolos, est visuellement agréable, trop peut-être. Car à force de surfer sur le macro (effet de serre, biodiversité, …) ce hors série ne propose pas une pédagogique remise en question de notre modèle occidental (un modèle qui nécessite 3, 4, 5 planètes et plus). A la rédaction, on a du surfer sur l’esthétique des images pour ne pas subir la vague de réalité.
A ce titre, les trois pages en fin de numéro sur le calcul de notre empreinte écologique sont une farce. Certes, il y a lien internet pour aller plus loin, mais ça me fait une belle jambe à la plage sans wifi ! Ce test, tel qu’il est présenté dans ce numéro, est tout bonnement une escroquerie intellectuelle :
1), il ne prend en compte pour un calcul ultra simplifié, que la vie professionnelle (merci pour la bonne conscience des inactifs, et pour la non prise en compte de notre empreinte « de vie privée et familiale »). C’est vrai qu’en tronquant 50 % de notre empreinte, les français pourront diminuer leur nombre de planètes nécessaires !
2) Surtout, il prend comme référence, le niveau 0 du test, l’empreinte écologique moyenne d’un français, qui est par ailleurs supérieure au soutenable. Ainsi, on peut se voir gratifier d’un « vous faites économiser l’équivalent de 5 cours de tennis à la planète (0,1 ha) » parce qu’on va en voiture au bureau mais que l’on a la chance d’être au rez-de-chaussée (pas d’ascenseur ;-), qu’on mange végétarien le midi et que l’on imprime recto-verso. Et pourtant, la résidence secondaire à la campagne, et/ou les vacances au ski et la dernière baignoire balnéo, pourraient plomber l’empreinte réelle et nécessiter 3 planète et plus !!! C’est vrai, qu’à ce moment là, les 5 cours de tennis pourraient paraître dérisoires …L’échelle du test est très discutable, car elle ne permet que de se positionner sur l’échelle de la prédation nationale, loin du niveau de développement durable.
Autre exemple. Est-ce parce qu’Areva est un des rares annonceurs en pleine page, que la problématique du nucléaire est traitée avec tant de légèreté ? Ainsi, une erreur diplo-atomique s’est glissée dans le titre du sous dossier « Paysages Atomiques », 6 pages traitées en porto folio avec moins de 300 mots, p 68 à 73. « EN FRANCE, EN ALLEMAGNE, AU ROYAUME-UNI, LES GOUVERNEMENTS PLEBISCITENT LE NUCLEAIRE AU NOM DE LA LUTTRE CONTRE LE RECHAUFFEMENT ». En capitale, le message subliminal fonctionne peut être mieux. Mais, sauf à vouloir rester dans le doux rêve de l’atom’cratie française, il est nécessaire de préciser aux lecteurs (y.c. à la rédaction du Monde 2) que l’accord de sortie du nucléaire civile n’a pas été remis en cause par le gouvernement Merkel. C’est de la pure démagogie atomique (manipulations ?) d’affirmer le contraire en plein titre. Et même s’il y a des discussions sur les avantages et les inconvénients de sortie de l’atome au-delà du Rhin, nos amis allemands mettent les bouchés doubles sur les énergies renouvelables et les économies d’énergie, et officiellement, le gouvernement allemand maintien la décision de sortie du nucléaire tout en essayant de résoudre une équation énergétique et climatique difficile. Ce hors série du Monde 2 n’aura pas fait sortir les français du doux rêve atomique, loin s’en faut …
59 ha de trop (coût écologique de ce numéro hors-série du Monde 2), pour pas grand-chose si ce n’est vendre du papier et faire fonctionner le système. 59 ha et 7 € de trop, car aucune des 100 pages de ce numéro n’auront conduit à une métamorphose de l’opinion publique dans son quotidien (surtout pas). Bronzez tranquille, les 100 témoins de la dérive sociétale, le Monde 2 les transforme en icônes lointaines pour ne surtout pas risquer l’introspection environnementale des français pendant leurs vacances.