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Aujourd’hui, 11 novembre est un jour où l’on célèbre la fin de la guerre, sans toujours apprécier à sa juste valeur ce que l’Europe a apporté à la paix de notre continent. Les « plus jamais ça » des années 20 n’auront pas résisté à la montée du fascisme des années 30, tandis que l’Europe a tari les risques de conflits armés entre 27 pays voisins depuis plus de 50 ans. La France prendra la présidence de l’Union Européenne au 1er juillet 2008, dans moins de huit mois. Alors que le discours dominant du moment sur l’Europe en France, tourne autour du « Traité de Lisbonne » et de son mode de ratification (voie parlementaire à la place d’un référendum), les voix françaises pro-européennes ont du mal à se faire entendre.

 

Ceux qui rejettent le traité de Lisbonne ont la position à plus facile à défendre. C’est kif-kif avec le TCE refusé par référendum en 2005, il faut reconsulter le peuple français qui dira une nouvelle fois non à l’euro cher et à la dérive libérale …

 

Ceux qui ont rejeté le TCE et qui disent timidement oui à Lisbonne (suivez mon regard au PS), se contorsionnent pour expliquer ce repositionnement. L’adoption vraisemblable du Traité de Lisbonne par nos parlementaires, n’a pas fini de décimer ce qui reste du PS. La base va gronder, et la direction ne pourra pas faire comprendre ses contorsions, sauf à se désavouer (pour son populisme d’hier, ou pour son réalisme d’aujourd’hui)…

 

Ceux qui avaient dit oui au TCE, et qui voudraient dire oui au Traité de Lisbonne, n’ont pas non plus une partie facile. Ce texte est imbitable, inaccessible aux quidams européens. Toutefois, il représente des avancées institutionnelles nécessaires pour améliorer le fonctionnement de l’Europe. Pas de quoi séduire la ménagère, ni déclencher une ferveur europhile. Pour les tenants du oui, pas de points d’appui forts, pas d’arguments majeurs inattaquables, que le suivisme d’un élitisme qui a pondu un texte « acceptable » par les gouvernements de l’UE, et incompréhensible pour les citoyens.

 

 

On ne peut que regretter qu’il faille que l’Europe avance en s’éloignant des citoyens. D’autant que cela génèrera des séquelles et des frustrations, qui pousseront une frange de la population dans les bras du nationalisme. Il faut prendre garde à cet effet secondaire d’un Traité de Lisbonne accepté sans grande pédagogie, par voie parlementaire. Comme j’ai pu le lire ceci « L'europhilie est-elle un réflexe de classe ? », avec un angle où la construction de l’union européenne serait le refuge de la classe dominante, tandis que la classe qui souffre aurait son salut dans le national-socialisme. Du genre, si l’élite est europhile, alors soyons en réaction europhobe... Le discours anti traité de Lisbonne est de plus en plus fort, et ceux qui sont en sa faveur sont inaudibles.

 

 

Bref, l’Europe n’est pas un sujet très tendance en France. Et sans effet de rupture, l’on entend(ra) une énième déclinaison du « c'est la faute à Bruxelles », quand le volontarisme politique de l’omniprésident bute(ra) sur les règles de l’UE, ou que la BCE reste définitivement indépendante. Sarkozy a beau être plus remuant que ses prédécesseurs, il est pareil à ces responsables politiques français qui ont utilisé l'Europe comme bouc-émissaire de leurs incompétences et/ou démissions. Comme le soulignait un récent rapport du Conseil d'Etat, la France est particulièrement mauvaise pour l’anticipation/application des directives européennes, elle est 23ème sur 25 sur le plan des infractions communautaires. "La France peine aujourd'hui à maîtriser l'ensemble des stratégies qui permettraient la poursuite, dans des conditions harmonieuses et conformes aux intérêts nationaux, de la construction de l'Europe", résumait le Conseil d'Etat.

 

Sans compter, qu’avec le paquet fiscal et la croissance en berne, la France ne respectera pas ses engagements (dette et déficits) au moment de prendre la tête l’Union, ce qui n’est guère crédible pour engager la signature de notre pays vis-à-vis de nos partenaires.

 

 

Dans ces conditions, la France prépare néanmoins activement une Présidence de l’UE qui sera un exercice d’équilibriste. Mais aussi, espérons le, une occasion de faire entendre des voix de la société civile en faveur de l’Europe.

 

 

Le 1er défi de la présidence française sera de préparer la mise en œuvre du nouveau traité, dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2009. Soit une  échéance cruciale pour aborder les principales innovations institutionnelles. Au-delà de ce gros chantier institutionnel, la France a retenu trois priorités pour sa présidence :

- L’adoption du « paquet environnement » qui comportera des modifications sur le système des permis d’émission, des dispositions en faveur des énergies renouvelables et le partage du fardeau dans la lutte contre les changements climatiques.

- L’approfondissement du marché intérieur, notamment dans le domaine énergétique.

- Le réexamen des politiques européennes et de leur financement, incluant en particulier la réforme de la Politique Agricole Commune après 2013.

 

Même si ces thématiques officielles ne font pas rêver d’Europe, elles sont néanmoins au cœur des enjeux de notre continent. Il faudra être particulièrement vigilant à ce que l’exception française de brille pas contre l’intérêt général européen, si nous voulons avoir une présidence honorable. J’espère que le gouvernement prendra connaissance de cette formidable enquête d’EurActiv France sur les attentes de la société civile pour la Présidence française de l’UE en 2008. Entreprises, fédérations, syndicats, ONG, associations, think tanks et collectivités locales… 38 organismes ont, à ce jour, répondu à l’enquête. Retrouvez  le sommaire en ligne, qui présente les 60 contributions à l’enquête d’EurActiv, regroupées par thème et publiées dans une rubrique consacrée à la Présidence française de l’UE.

Tag(s) : #Europe
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