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Lors de son passage à Tunis, en voyage officiel le 30 avril dernier, je n’avais pas remarqué que Sarkozy s’était converti au solaire : " Je voudrais proposer un plan solaire méditerranéen pour permettre l'accès à tous de l'énergie tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre qui font peser sur notre planète la menace d'une catastrophe climatique dont les conséquences seraient dramatiques." (Tunis, NS, 30 avril 08). C’est depuis un blog très intéressant sur l’électricité thermo-solaire produite à partir des déserts, qui je suis remonté jusqu’aux sources tunisiennes de cette ode à l’environnement.

Qu’est-ce qu’il ne fait pas pour vendre son concept d’Union pour la Méditerranée (UpMed) … Je voudrais y croire, à ses idées de bonimenteur professionnel : « plan solaire méditerranée, conservatoire du littoral méditerranéen, faire de la dépollution de la Méditerranée le plus grand défi de l'UpMed, autoroutes maritimes, coopération universitaire, … », mais cela représente à la fois tant de ruptures, de moyens financiers et humains, et cela nécessite tant d’humilité face à une approche européenne en construction pour une coopération méditerranéenne à bâtir, que je ne me paye pas de mots.



Car si le Plan solaire pour la méditerranée est annoncé, dans le flux/flot de maintes autres annonces, l’omniprésident, revient vite à ses véritables amours atomiques. Dans le paragraphe d’après de son discours, il parle d’accords de coopération dans le nucléaire civile : « Je veux parler de l'accès au nucléaire civil, que la France veut promouvoir. Et pourquoi ne pas réfléchir à la création sur une base volontaire d'une organisation qui faciliterait les transferts de technologies et de compétences nucléaires, qui contribuerait à la gestion des déchets et à la sécurité du nucléaire civil autour de la Méditerranée ? ».  

Pas certain que sa vraie priorité soit d’exporter de vraies clean tech, sans danger ni risque de dissémination de matière fissile, mais on peut compter sur les allemands et les espagnols, pour s’engouffrer dans la brèche de ce Plan Solaire pour la Méditerranée.


L’avantage, c’est que le temps joue pour nous. Pas de filière nucléaire concrète en production au Nord Afrique, avant 15 à 20 ans, le temps de forger une autorité nucléaire indépendante, de former les ingénieurs,… C’est un travail titanesque, déjà que l’on va manquer d’ingénieurs pour gérer le nucléaire en France, que les savoirs-faires partent à la retraite, que les problèmes du démantèlement et des déchets sont devant nous… Donc, d’ici 15 ans, le solaire sous toutes ses formes, sera devenu compétitif (ST, PV, centrales thermoélec, …) sur les rivages de la méditerranée. La Directive des 20 % EnR 2020 en Europe va y conduire, stimulant un marché continental de plus de 600 millions d’habitants, générant des économies d’échelle et la structuration d’un énorme secteur industriel des EnR.


Pour faire vivre ce rêve concret d’un plan solaire méditerranéen, il s’agit donc de trouver des points d’appui en France, de trouver de la volonté politique “pro solaire”, de mobiliser les idées et les sources de financement pour construire des projets, … Le networking européen devrait nous y aider. L’industrie et le commerce vont y pousser, tout autant que la demande sociale locale qui exige des solutions énergétiques concrètes et immédiates. Actualisez cette demande en considération du boom démographique et urbain en méditerranée, et vous aurez une idée de cet enjeu social vital, l'énergie, pour la décennie à venir. Le développement des énergies renouvelables offre cette réponse graduelle, qui d’années en années apportera des solutions réelles au plus grand nombre. Tandis que mettre tout l’argent dans le nucléaire en Nord Afrique (argent français, européen, nord africain, …), reporterait l’arrivée du 1er kWh d’électricité atomique dans 15 ou 20 ans. Si « les caisses sont vides », il va falloir faire des arbitrages budgétaires, en fonction des priorités stratégiques…


Ne vaut-il pas mieux investir massivement dès aujourd’hui dans la coopération solaire euro-méditerranéenne, pour que les deux rives vivent leur révolution solaire technologique, de façon synchronisée ? Sauf que pendant qu’Areva, Bouygues et consort fourbissent de projets d’études pour cette coopération nucléaire, le secteur des PME du solaire français et européen, n’a pas encore eu le temps d’imaginer et d’écrire un plan solaire méditerranéen à la hauteur des enjeux. Toutefois, il est peu probable que la coopération nucléaire entre dans l’agenda de l’Union pour la Méditerranée. Ce serait une cause d’affrontement politique avec les allemands, les autrichiens et les espagnols. Et il est certain qu’ils ne voudront pas financer nos aventures atomiques franchouillardes, préférant payer pour le développement de leur industrie solaire et lui ouvrir de nouveaux marchés.

 

Faudrait peut être essayer de sensibiliser Carla, aux charmes de la culture solaire ;-) ... Que va faire la France sur ce sujet, pour la présidence de l'Union Européenne ? Le 1er juillet arrive bien vite ...

 

MAJ : article publié sur Natura Vox

Tag(s) : #Plan Solaire Méditerranéen
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