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Une fois de plus, faire le chemin vers l’Allemagne en juin, aller voir ce qui se passe à Intersolar. 2008, la 1ère édition en dehors de Freibourg, c’était une évolution historique. Le solaire sortait de son bastion de naissance germanique, pour s’exposer dans un cœur économique connecté sur le monde. Ce déplacement est à la mesure du changement d’échelle du salon des technologies solaires. Il faut vraiment faire le chemin d’Intersolar, pour voir et prendre conscience de la nouvelle échelle et des ambitions de l’industrie solaire mondiale. 5 halls, des stands toujours plus grands, des milliers de visiteurs venus de toute la planète, comme les exposants.

Les technologies du solaire thermique sont un peu sous représentées, quand on voit le gigantisme de l’industrie photovoltaïque sur Intersolar. Sans doute à cause des géants du chauffage qui n’exposaient pas, laissant les spécialistes des systèmes solaires thermiques et les fabricants d’usines de capteurs sur un hall 1/2. Néanmoins, le solaire thermique est un géant énergétique en deveni. Un m² de capteur solaire thermique génère 7 fois plus d’énergie utile (chaleur, 700 Wth/m²) que le photovoltaïque (électricité, 100 Wc/m²) pour un prix sensiblement équivalent. Les deux dynamiques industrielles vont presque sur le même rythme de croissance à deux chiffres, mais la capitalisation de l’industrie photovoltaïque qui explose, génère une dynamique marketing plus forte. Ceci expliquant cela, cette discrétion relative n’empêchera pas que l’eau chaude sera solaire dans un futur proche ;-)

 

Ce que je voudrais vous transmettre au travers de ce billet, c’est que l’évolution énergétique dont rêvaient les pionniers de l’énergie solaire, est en voie d’avènement. De façon gigantesque et rapide, presque comme d’aucuns ne l’auraient jamais imaginé. Rien que pour le photovoltaïque, le marché mondial était de 1,5 GWc en 2006, de 2,1 GWc en 2007 et devrait tangenter/dépasser les 3 GWc cette année. Ce marchait pesait quelques centaines de kW/an au tournant des années 2000. Pour 2010, c'est-à-dire demain, les industriels européens sont conservateurs, même dans leurs prévisions les plus optimistes (7 GWc) en comparaison des estimations de banques d’affaire comme Sarasin ou LBBW (8GWc), ou de Photon Consultant (23 GWc) qui estime qu’il n’y a pas de raison que la demande ne suive pas le boom de l’offre. Des chiffres à faire tourner la tête des experts, le 3ème choc pétrolier agit come un catalyseur qui précipite la révolution solaire.

Avec la course à l’énergie solaire qui se joue à l’échelle de la mondialisation, les fabriques de modules solaires poussent comme des champignons. Rien qu’à Taïwan, ce sont 1 GWc de nouvelles capacités de production qui vont s’ajouter tous les ans, la Chine est dans la roue, l’Allemagne, le Japon et les USA ne sont pas en reste. Tout va vite, très vite.

L’Allemagne vient de voter (6 juin), une dégressivité du tarif d’achat de l’électricité solaire qui s’appliquera dès 2009. Une dégressivité en forme de pari industriel, négocié dans la concertation. Moins 5 % pour commencer, puis moins 8 % à moins 10 % / an pour les nouveaux contrats millésimés, en fonction de la puissance. Soit – 30 % à 35 % en 4 ans pour le tarif d’achat des installations solaires, applicable pour chaque nouveau contrat signé. La compétitivité des centrales solaires allemandes est prévue pour 2012, et celle des installations moins puissantes pour 2015. Autant dire, que d’ici 7 ans, le photovoltaïque sera une source d’électricité compétitive vis-à-vis du prix de l’électricité conventionnelle (+3 % par an du prix de l’électricité, hypothèse conservatrice compte tenu de la récente explosion du prix du pétrole et du gaz, qui pourrait ne pas s’arrêter).


J’entends d’ici rigoler les français, convaincus qu’avec leur l’électricité nucléaire, ils sont à l’abri de l’augmentation de leur facture d’électricité, ce qui leur éviterait de passer en mode solaire accéléré. Des naïfs … Ont-ils oubliés que la libéralisation du marché de l’électricité arrivera dès 2010 ? Que l’électricité européenne est principalement d’origine fossile (donc sujette au choc pétrolier), et qu’avec la privatisation d’EdF (pour renflouer les caisses de l’état, financer la rénovation des universités, ..), les actionnaires d’EdF vendront leur électricité aux mieux disant ? Ainsi, l’avantage comparatif nucléaire français sera dilué dans l’ensemble du réseau européen interconnecté, et les prix de l’électricité augmenteront en France comme ailleurs. Ce qui rendra le photovoltaïque aussi compétitif et presque aussi vite ici en France, qu’en Allemagne. 2015, c’est après-demain.


Et si vous me prenez pour un fou, repoussez à 2020, peu importe. Vous verrez que les objectifs du Grenelle pour le photovoltaïque pour la France ne tiennent pas la route - 5,4 GWc cumulés en 2020, déjà beaucoup mieux du moins d’1 GWc cumulé d’avant le Grenelle - et que nous aurons plus vraisemblablement plus de 10 GWc connectés d’ici là. En 2008, nous serons vraisemblablement à un peu moins de 200 MWc, contre moins de 100 MWc en 2007, pour atteindre au moins 10 000 MWc d’ici 2020. Dans l’énergie solaire, tout va vite, très vite et très grand. Nos élites nourris au biberon atomique en ont-ils conscience ? Ont-elles mis de nouvelles lunettes pour envisager le monde de l’énergie d’après demain ? Seront-elles faire profiter la France de cette révolution industrielle ? Alors que les dinosaures de l’atom’cratie (nombreux dans l’appareil d’état) considèrent que dans la Directives européennes des 3*20 % - 20 % d’énergie renouvelable, + 20 % d’efficacité énergétique, -20 % CO2 - il y a au moins un 20 % de trop ! Ils nous ont déjà fait perdre trop de temps …

 

Tag(s) : #Solar Buzz
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