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Une semaine pleine d’énergie : journées européennes de l’éolien, salon Intersolar à Munich, le pétrole à 250 $ le baril en 2009 selon le Pdg du géant énergétique russe Gazprom, annonces de Fillon d’un nouveau mécanisme de subvention des trajets motorisés domicile-travail pour aider les salariés et du lancement d’un 2nd EPR nucléaire, … L’énergie est au cœur de l’actualité comme de la chronique de cette semaine.

L’Irlande qui a dit non au traité de Lisbonne, est un évènement qui fera l’objet d’un détour obligé dans un billet entier, tant l’impact de ce référendum est important pour notre avenir européen. L’Irlande, pays de 4 millions d’habitants a secoué la poussive construction européenne, il nous faut inventer d’autres possibles.

 

Les 2ndes journées européennes de l’éolien se déroulent du 13 au 15 juin. France Energie Eolienne, la branche éolienne du syndicat des énergies renouvelables, organise des visites de 45 parcs éoliens dans 29 départements. De quoi se faire une idée par soi-même, de ces grands moulins à vent qui suscitent tant de polémiques en France, largement relayées par la diaspora de l’atom’cratie. Cette initiative a été lancée en 2007 par l’European Wind Energy Association (EWEA), pour familiariser les citoyens européens avec l’énergie éolienne et promouvoir ses qualités pour la production d’électricité. En France, cette tâche est immense, tant les opposants sont bien organisés et représentés par d’actifs parlementaires (Jean-Louis Butré, Philippe  Marini, …) et même par un ancien président, Valéry Giscard d’Estaing.  Libération a eu la bonne idée de faire un dossier spécial sur l’éolien, dans son numéro daté du vendredi 13 juin, pour mettre en perspective les pours et les contres dans un procès de l’éolien très instructif. A vous de juger, car je ne serai pas neutre envers les contres. Conservatisme éculé, les mêmes réactions d’opposition qu’au XIXe siècle où ceux qui ne voulaient pas du chemin de fer, assuraient que le «lait des vaches allait devenir noir». Ça fait plus de 10 ans qu’une sourde opposition française inspirée d’une forte culture atomique, invente des maux irréels et avance des arguments fallacieux, pour empêcher le germe éolien de pousser dans l’hexagone. Comme s’il était plus rassurant de s’abriter derrière la lourde industrie nucléaire bien implantée, ligne Maginot de l’énergie héritée des années 80 qui a fait avorter l’industrie française des énergies renouvelables …

 

Le salon Intersolar 2008 à Munich qui s’est tenu du 12 au 14 juin, marque un changement d’échelle de l’industrie solaire mondiale, qui est dans une course infinie aux gigawatts. Le 3ème choc pétrolier agit come un catalyseur qui précipite la révolution solaire. Dans l’industrie solaire, tout va vite, très vite et très grand. Nos élites franchouillardes nourries au biberon atomique en ont-ils conscience ? Ont-elles mis de nouvelles lunettes pour envisager le monde de l’énergie d’après demain ? Seront-elles faire profiter la France de cette révolution industrielle ? Où vont-elles, comme pour l'éolien, continuer de traîner des pieds, continuer de nous faire perdre du temps dans une course à l’énergie solaire qui se joue à l’échelle de la mondialisation. La France peut-elle rester en marge de la révolution industrielle des énergies propres et renouvelables ?

 

Alexeï Miller, le très discret Pdg de Gazprom, géant énergétique russe qui vise à devenir la 1ère compagnie d’énergie en Europe, a fait sensation cette semaine en annonçant que le pétrole pourrait atteindre 250 $ le baril dès 2009. Un article du Financial Times daté du 11 juin s’en est ému. D’aucuns pourraient croire qu’il s’agit d’une propagande russe d’intelligence économique, dans le jeu habituel de la compétition économique. Sauf qu’Alexeï Miller n’est pas le seul à faire cette analyse. L’augmentation des prix du pétrole n’est pas due à la spéculation mais à des fondamentaux : augmentation continue de la demande, baisse de la production et accès plus difficile aux ressources. Analyse confirmée cette semaine par l’Agence Internationale de l’Energie, que le Pdg de BP Tony Hayward partage largement, lui-même faisant savoir que le marché du pétrole n’était pas correctement approvisionné. Il me semble clair que le temps du pick oil a commencé.

 

François Fillon, 1er collaborateur ministre est passé à la télé, entouré de presque tout le gouvernement. Le martyr de l’omniprésident voulait rassurer les français sur le pouvoir d’achat, alors que la gronde sociale monte. Je n’ai pas regardé France 2 mais j’ai retenu de la presse qui relatait l’émission, deux annonces : la mise en place d’un mécanisme de subvention des trajets motorisés domicile-travail pour aider les salariés, et la réflexion pour le lancement d’un 2nd EPR nucléaire. Preuve en flagrant délit d’atom’cratie, Fillon a dit : "nous voulons que l'énergie nucléaire soit une des réponses principales à la crise du pétrole que l'on connaît". Suez a du applaudir des deux mains. Le gouvernement ne lui offre pas seulement en mariage Gaz de France, il met dans la corbeille un réacteur EPR rien que pour Suez, histoire que la dotte soit belle.

Pour l’aide directe au transport pour les salariés, si l’amortisseur social est légitime, je pense sincèrement que l’on va commencer à creuser un nouveau déficit budgétaire de l’énergie. Fillon veut écoper à la petite cuillère une voie d’eau qui n’en finira pas de plomber le pouvoir d’achat. Si le pétrole monte à 250 $, combien de centaines de millions d’euros de déficit public faudra-t-il y consacrer ? L’aide fiscale aux entreprises pour qu’elles répercutent une aide à leurs salariés « carbonisés », ne va-t-elle pas écorner l’égalité des français devant l’impôt ? Que vont ressentir les salariés vertueux qui font du vélo, du co-voiturage ou prennent les transports en commun, face à cette aide fiscale à la voiture ? N’est-ce pas une aide qui va à contre-sens du Grenelle de l’environnement ? Ne vaudrait-il pas mieux faire usage de l’argent public, pour subventionner encore d’avantage des voitures peu gourmandes en carburant, avec un nouveau bonus à l’éco-prime sous conditions de ressources ?

 

Tag(s) : #chronique de la semaine
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