Il est empli d’amour et de lucidité, ce livre de Boualem SANSAL, lettre de colère et d’espoir à ses compatriotes. Sans la cacophonie des « droits-de-l’hommistes » comme on dit de ce côté-ci de la méditerranée, Sansal nous offre une analyse juste et sans complaisance de la situation algérienne, avec des mots simples et efficaces.
J’espère que « Poste restante » ne lui vaudra pas la prison, comme d’autres journalistes et libres penseurs, enfermés par un régime militaro-bigot, amnistiant d’anciens criminels et commanditaires tout en mettant en réclusion les tentatives de vérité.
Sansal est peut être un des ces consultants du bon sens, quelqu’un qui met en perspective la situation et propose des solutions humbles : tolérance, justice, laïcité, … des choses hors de prix par les temps qui courts en Algérie (et ailleurs).
En modeste réponse à cet ouvrage, je voudrais faire mentir l’auteur sur un point, lui dire que ce n’est pas parce que son pays est fermé, qu’il n’intéresse que ceux qui sont à l’intérieur, à huit clos. En dehors d’habiter Marseille et d’aimer Camus, je n’ai pas de lien filial avec ce pays de métissage ancestral. Mes aïeuls n’ont pas vécu, à ce que j’en sais, parmi les Kabyles, Chaoui, Mozabites, juifs, pied-noirs, Turcs, coulouglis, … qui composent l’Algérie. Ils n’ont pas goûté à ce paradis qui a fait que beaucoup ne voulaient plus repartir.
Est-ce une raison pour laisser dans l’indifférence ce peuple saigné par la guerre civile (200 000 morts entre 1992 et 99) et de nouveau sous l’emprise du mythique FLN ? Depuis la fin de ce conflit intracommunautaire, le cauchemar ne s’est pas transformé en rêve.
« Poste restante : Alger », de Boualem SANSAL chez Gallimard