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Revenir à l’exercice de la chronique pour rebondir sur les faits politiques de la semaine. Une semaine chaude pour l’omniprésident et son gouvernement. La Guadeloupe est en grève générale depuis des semaines, le mouvement a gagné la Martinique cette semaine. Chaud les Antilles, chaud … A force d’insulter l’intelligence, l’omniprésident a braqué l’intelligentsia. Tous les acteurs de la recherche et de l’université sont vent debout, outrés par le mépris omniprésidentiel à leur endroit. Celui qui confesse que « la France n’est pas le pays le plus facile à diriger », alors qui se voyait « patron » de l’Europe il y a encore quelques mois, est en train de nous fâcher avec nos amis européens. Il daube sur l’Angleterre, sur la Tchéquie, prêche pour le patriotisme économique, … Le fada de l’Elysée est dans le pétrin. Il flotte un air de radicalisation sur la France, une crise de confiance qui se transformera tôt ou tard en crise de régime.


L’ultramarine révolution contre la vie chère


Le Secrétaire d’Etat cornaqué par deux médiateurs, est bien impuissant face à cette révolte sociale tranquille et déterminée, qui a lieu à la Guadeloupe. Il faut avoir en tête des proportions : « 65 000 manifestants à Pointe-à-Pitre, cela ferait 10 millions de personnes dans le calme dans les rues de Paris » fait justement remarquer
Elie Domota, qui est le populaire porte-parole de cette fronde guadeloupéenne. Après plus de 3 trois semaines de grève générale en Guadeloupe, c’est la contagion aux autres départements d'outre-mer. La Martinique est elle aussi en « grève générale contre la vie chère ». A la Réunion, un appel à la grève a été lancé pour le 5 mars, par le collectif d'organisations, syndicales, politiques et associatives.


Un camouflet pour le président du pouvoir d’achat, c’est l’ultramarine révolution contre la vie chère ;-) Ces confettis de la France perdus aux confins des océans, concentrent tellement d’inégalités et de désespérance, qu’ils sont les premiers territoires à faire fronde. Déjà en 1967, ils étaient les pionniers… Les subventions ne seront pas suffisantes, quand les manifestants questionnent « la répartition » des richesses, et remettent en cause le schéma social colonial perpétué par l’Etat au profit de quelques familles. Un cas d’école ces territoires ultramarins, d’un Etat au service de quelques uns pour préserver leurs acquis anti-sociaux. Un sujet hautement politique.


Le nouveau machin omniprésidentiel annoncé vendredi, ce "Conseil  interministériel de l'Outre-mer" qui doit se mettre en place pour se réunir dans les prochains mois, « pour faire des propositions sur la rénovation de la politique menée par l'Etat en Outre-mer », n’est qu’une manœuvre dilatoire. Sarkozy cherche à gagner du temps, mais n’a pas de solutions. Il ne peut rien lâcher sur les salaires, et ne veut pas embêter ses grands électeurs Domiens, ces barons de l’économie locale que la droite cajole. Des territoires ultramarins shootés à la défiscalisation, pour que les grandes fortunes aient leur part de paradis tropical aux frais du contribuable. Des territoires ultramarins qui pourraient inspirer la métropole, l’héritage colonial en moins, leur fronde politique pose des questions qui pourraient très valablement être importées.



L’intelligentsia lâche Sarkozy

Même si une grève générale à des milliers de kilomètres de Paris, ça fait mauvais genre. Le mouvement initié dans les universités et chez les chercheurs est vif et puissant, il entame considérablement le crédit du gouvernement. Si Sarkozy avait pu séduire l’intelligentsia française en 2007, moins de deux ans après, le divorce semble sur le point d’être consommé.

Plus que la réforme, c’est le mépris affiché de l’exécutif à l’égard de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui met le feu aux poudres. C’est une fronde unie contre l’omniprésident et ses ministres Darcos et Pécresse. Et ce n’est pas un mouvement d’ultragauchistes, quand la Conférence des présidents d'université, les membres des organismes de recherche (CNRS, Inserm...), les membres de l'Institut universitaire de France, ceux de l'Académie des sciences, publient communiqués et lettres ouvertes, pour dénoncer le mépris et les mensonges dont use le gouvernement. Toute réforme devient impossible dans un tel état de crispation. Il est plus qu’incertain que la mission de médiation sur le dossier du statut d’enseignant-chercheur, arrive à éteindre l’incendie universitaire.

A force d’insulter l’intelligence, l’omniprésident a braqué l’intelligentsia. Son "manque de considération a eu et aura des effets catastrophiques » dans la communauté des chercheurs et universitaires, et des effets secondaire sur sa politique générale. Si « l’élite » du pays se sent humiliée par l’omniprésident, les relais d’opinion du sarkozisme dans les médias vont se faire de plus en plus rares au sein de la société civile. Et pas seulement au sujet de la réforme des universités et de la recherche ! Sarkozy se démonétise politiquement, malgré/à cause de son agitation permanente, de son sens de l’omniprésidence qui bafoue les valeurs républicaines.

Tout ça pour bientôt faire du Chirac, et ajourner les réformes pour calmer les esprits. Pour un homme qui voulait incarner la rupture, bouger les lignes et transformer la France, l’immobilisme sera bientôt le prix de la paix sociale.

 

La France et le patriotisme économique

Le costume de président de l’Union Européenne à peine rangé au placard en décembre, Sarkozy a tourné casaque et endossé celui du patriotisme économique. Il daube sur l’Angleterre, autre fois portée aux nues, pour mieux mettre en valeur une France pas bien reluisante. Il voudrait relocaliser l’industrie dans le pays, dénonçant ces usines automobiles « françaises » installées hors du pays dans l’union européenne.

Ce retour au nationalisme politique est incompréhensible, pour un homme qui se voyait président de l’Europe au-delà de son mandat de 6 mois. Pour un homme qui prétendait vouloir unir l’Europe derrière lui pour réformer l’économie globale. Il a troqué son costume libéral, mais on ne sait pas vraiment de quoi il est aujourd’hui vêtu. Ce replie de la France sur elle-même, éloigne l’esprit de communauté européenne qui avait été porté haut au semestre dernier. Un nouveau zigzague, mais pour aller où ?

 

Tag(s) : #chronique de la semaine
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