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Christophe de Margerie est un homme heureux, assis sur un tas d’or alors que monde économique est pris dans la tempête, son vaisseau amiral Total n’est qu’à peine touché par la houle. 14 milliards d’euros de bénéfices pour 2008, un cru exceptionnel, les actionnaires vont se gaver… Bien entendu que 2009 sera moins bon, mais le bénéfice 2008 est mirifique et fait envie en période de crise. Une « cagnotte » française à milliards d’€ sonnants et trébuchants, c’est tellement rare par les temps qui courent ;-) Les profits se faisant plus rares que les pertes et les déficits, à la météo financière qui berce notre quotidien …
Quels scénarios pour se partager le grisbi de cette cagnotte exceptionnelle ? Le gouvernement va peut-être arracher quelques dizaines de millions, mesure expiatoire en gage d’une redéfinition improbable du capitalisme. Comme pour la prime à la cuve financée par un impôt exceptionnel prélevé sur Total. Mais je mets mon billet que le « partage » de Total de ses profits « exceptionnels », sera conforme au dogme capitalisme : l’actionnaire est seul souverain. Le reste est littérature…
Ce qui me révolte dans cette histoire, c’est que Total soit si pingre pour investir dans l’avenir et les énergies renouvelables. Des profits himalayaesques, et Total met 3 copecks pour le solaire. Dans la reconversion de son site chimique Arkema à Saint-Auban (04), le projet d’usine de silicium solaire (SILPRO) marque le pas et Total est aux abonnés absents. Lancé en 2006 par Econcern (Pays-Bas), Norsun (Norvège) et Photon Power Technologies (PPT, France, faux nez d’EDF et d’EDF énergies nouvelles), le projet SILPRO est impacté par la crise du crédit. Les parlementaires des Alpes-de-Haute-Provence en sont rendus à souhaiter une "volonté politique" de l'Etat pour soutenir le lancement de Silpro en puisant dans le nouveau fonds stratégique d'investissement. La caisse des dépôts est mise à contribution. Le préfet dit croire qu'on est entré dans la phase de finalisation, malgré la crise qui est venue enrayer le montage financier initial… Vaste mascarade, pour un projet à 700 millions d'euros, dont une partie est apportée par des collectivités publiques et la moitié par des banques. Dans Silpro, Total ne joue même pas le rôle d’actionnaire de référence, même à titre temporaire. Dans le développement d’une industrie solaire pour reconvertir son site chimique Arkema, Total tend la sébile aux pouvoirs publics. Compte tenu des profits engrangés, c’est une véritable situation honteuse !!!
Je ne défends pas une mesure bolchévique pour faire tomber les milliards de bénéfices de Total dans le domaine public. Seulement que la compagnie pétrolière française investisse 10 à 20 % de ses bénéfices dans les énergies renouvelables et le financement de PME de ce secteur. Ma proposition : que l’Etat impose à Total de créer avec une part modeste de ses bénéfices dans un fonds d’investissement EnR privé, qui rapportera à plus ou moins long terme à la compagnie. Un fonds gagnant pour l’avenir et l’émergence des alternatives énergétiques, alimenté par les profits de l’or noir. Une mesure de bon sens qui préserve l’intérêt de toutes les parties. Une mesure responsable pour un gouvernement de droite, qui respecte les intérêts de l’actionnaire souverain, le reste est littérature…