C’est Anna (allias Ariane) qui part à la recherche de son père, Barsam, reparti sans prévenir vers la terre qui l'a vue naître. Une excuse pour aller sur les traces d’une identité arménienne, que le désir d’intégration française aura éclipsé pendant des décennies.
L’Arménie, un pays où les hommes rêvent du Mont Ararat, où les cicatrices du génocide turc de 1915, sont à peine recouvertes par le trauma des années communistes. Ça c’est la vision contemporaine, celle d’avant avoir ouvert la porte sur la profondeur des siècles. L’Arménie est un pays qui a une forte densité historique, qui se rencontre dans ses paysages et sous les pas des vivants. C’est peut être pour cela que Le voyage en Arménie m’émeut tant. Parce qu’aux portes de l’Orient, avant d’être coincée entre Ottomans et Russes, l’Arménie a été fondée par un groupe indo-européen. Devenue de culture hellénistique, avant de devenir chrétienne, puis de vivre sous la dépendance d’un Califat, l’Arménie est un condensé de siècles de l’histoire européenne.
Suivre le périple d’Anna, vers des racines refoulées, avec sa naïveté toute occidentale. Elle est belle, sensible et forte, celle qui avait milité du bon côté du mur, la voilà aux prises avec la violence d’une économie émergente post-communiste.
Ce n’est pas un film communautaire, c’est juste le portrait, tissé par des relations humaines, d’une terre, d’hommes et de femmes, qui regardent le futur en étant fiers de leur histoire. Où le présent se fabrique sans a priori politique, avec le rêve du Mont Ararat et ceux d’entrer de plain pied dans la modernité et la complexité du monde.
C'est aussi un film sur le doute, sur un voyage initiatique en forme de chemin de vie, où Anna doutera de son identité, de ses amours, de ses engagements, ... N'est ce pas le propre d'un voyage, que d'aller à la rencontre de soi dans les yeux des autres ?
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