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C’est une brève dans le Monde du 24 juillet, quelques lignes pour dire que l’avis des architectes des Bâtiments de France sur les permis de construire et autorisation de travaux à l'intérieur des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysagé (Zppaup) ne sera plus que consultatif. Les Architectes des Bâtiments de France vont devoir en rabattre et apprendre un nouveau mot : la concertation. Une révolution de velours au cœur de l’été. La démocratie locale retrouve quelques droits dans ces Zppaup où régnaient les tout puissants ABF.

Cette mesure a été adoptée, jeudi 23 juillet, dans le cadre de la loi Grenelle 1. Sénat et Assemblée Nationale, opposés sur le sujet se sont finalement mis d'accord en commission mixte paritaire. Le pouvoir « exorbitant » des ABF, qui en faisait des barons locaux, est écorné. L’obligation d'un avis "conforme" est supprimée et remplacée par un simple avis « consultatif », que le maire prendra en compte pour autoriser travaux et nouvelles constructions. Les Zppaup retrouvent le cadre du droit général, celui du Plan Local de l’Urbanisme (PLU).

Que vient faire une mesure qui touche le patrimoine, dans le texte du Grenelle de l’Environnement me direz vous. Et bien, à force de conservatisme pour interdire le moindre panneau solaire dans ces Zppaup, les ABF ont creusé leur « tombe ». Trop souvent réfractaires et opposés à l’évolution d’un patrimoine vivant qui doit devenir écologique, on ne fera plus que leur demander leur avis.

 

Cette mesure ne manquera pas de soulevé un tollé dans les milieux du patrimoine. A gauche on mobilisera pour dire que l’on va livrer la beauté de la France « éternelle » à l’appétit des promoteurs. Chez les conservateurs, on criera à la trahison d’un pouvoir blingbling qui laisse défigurer nos villages de campagnes, que c’est une insulte à l’histoire, ...

Je voudrais juste, pour ma part me féliciter que le droit au solaire progresse enfin en France. Il devient interdit d’interdire de lutter contre l’effet de serre ! Et pour rassurer les détracteurs de cette libéralité, dire que les Zppaup retrouvant le régime général du PLU n’est pas livrer nos villes et villages à l’anarchie. D’autant que le cadre des Monuments Historiques (MH) reste de droit. La France n’a pas fini d’être une destination touristique privilégiée, riche de son patrimoine extraordinaire.

 

La longue crispation sur les Zppaup du fait du pouvoir des ABF, et le tollé sur la disparition de leurs prérogatives, pourraient nous faire passer à côté de l’essentiel. En sus du droit au solaire, chacun a droit au beau. Il n’est pas acceptable d’avoir lâché sur la défiguration de toutes les entrées de villes de province, pour s’être concentré sur quelques bijoux délimités par les Zppaup. Jusqu’à présent, les ABF ont joué aux gardiens du temple « patrimoine », se concentrant sur des zones d’intérêts où ils avaient tout pouvoir sur l’acte de construire, pour laisser les édiles locaux étaler un urbanisme de chiotte à la périphérie de leur zone de pouvoir, avec forêt de panneaux publicitaires, zones commerciales et lotissements. C’est bien sur l’ensemble du territoire que l’ABF devrait avoir de l’influence. La vision patrimoniale est une voix à prendre en compte pour penser l’aménagement et l’écriture architecturale, dans un concert de voix où sociologue, écologue, énergéticien, urbaniste, … et population doivent être entendus. C’est dans la démocratie locale que devrait être élaborés les plans locaux d’urbanisme qui visent à conjuguer des contraintes pour aménager le mieux vivre ensemble.

Devant l’urgence climatique, notre patrimoine bâti va changer, muter en moins de vingt ans pour devenir plus efficace, générateur d’une partie de l’énergie qu’il consomme. Il ne sert à rien de s’arcbouter sur des crispations et des visions passéistes qui voudraient figer ce patrimoine bâti ante-XXIème siècle. Il faut ré-inventer ce patrimoine dans la concertation, pour que l’écologie ne soit pas l’excuse pour étendre du laid. Elle doit au contraire être l’opportunité de la conquête d’une beauté moderne qui respecte les lieux. L’avis consultatif qui sera rendu par l’ABF devra devenir une force de proposition, dans un dialogue constructif avec le pétitionnaire, pour inscrire le projet dans une cohérence territoriale.

 

Tag(s) : #Solar Buzz
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