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Si le rapport sur le Plan Solaire Méditerranéen commit pour la Commission Européenne n’est pas encore sorti sur la place publique, la France a fait travailler son administration pour produire un document très intéressant. L’Inspection Générale des Finances a une prose claire, un charme « efficace » pour éclairer les enjeux économiques, administratifs et financiers. Le Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies, co-auteur du rapport, a mis son expertise au service d’une prospective solaire de 20 GW d’ici 2020. Au final, ce rapport « Charpin » est un document essentiel, à la fois pour mieux appréhender les enjeux du Plan Solaire Méditerranéen, tout en décryptant l’approche française.


Avec ce billet, je voudrais saluer J-M. Charpin, M. Laffitte, F. Massou, C. Trink et P. Palat pour la qualité de leurs travaux. Ces co-auteurs de la haute fonction publique française, participent à la construction de cette belle utopie concrète du PSM, de façon la plus rationnelle qui soit. Aux politiques (français, européens, méditerranéens) et à la société civile (ONG, organisation professionnelle, entreprises, …) d’en faire bon usage.

 


Ce que je retiens de ce rapport « administratif » français sur le Plan Solaire Méditerranéen (PSM), qui est une des initiatives prioritaires de l’Union pour la Méditerranée (UpM) lancée en juillet 08 :


Les enjeux sont importants (doublement des besoins électrique au Sud d’ici 2020), et la pénétration accélérée des énergies renouvelables (20 GW) ne se fera pas naturellement sans une forte volonté politique, capable de mettre en marche et en phase (administrations, industries et entreprises, finance, …). En l’état, le marché seul ne permet et ne permettra pas de couvrir ces besoins électriques au Sud et à l’Est de la méditerranée par de l’énergie sans carbone et sans déchets. Sans le PSM, tout juste si l’éolien arriverait à percer.


Pour ces 20 GW d’EnR, le coût d’investissement est estimé entre 38 et 46 milliards d’euros (interconnexions électriques Sud-Sud et Sud-Nord comprises pour 6 milliards d’euros), selon les scénarios technologiques retenus avec une rentabilité de projet pour les investisseurs aux alentours de 15 % (TRI). Par rapport à des sources d’énergie carbonées, le « surcoût » renouvelable est estimé entre 14 et 32 milliards d’euros sur la durée de vie des équipements. La valorisation d’un marché du carbone, avec un prix de marché de 20€/tonne de CO2, permettrait de réduire ce surcoût de 1 à 19 milliards d’euros. Un surcoût renouvelable finalement très relatif (0,5 à 1,3 %) du marché de l’électricité de la zone MENA d’ici 2020, voir inférieur en cas d’accélération de la convergence entre les coûts de production de l’électricité fossile et ceux de l’électricité verte. Un marché international du CO2 (30, 50, 100 €/tonne de CO2 en 2020) réduirait significativement, voir annulerait le surcoût renouvelable à terme.


Si l’article 9 de la Directive européenne sur les énergies renouvelables pour exporter cette électricité verte vers le vieux continent, ermettra d’abaisser le coût de cession sur le marché local, le rapport insiste pour que ces importations européennes soient limitées au maximum, pour privilégier la fourniture au niveau de la zone NEMA. En outre, l’interconnexion Sud-Nord devra progresser pour augmenter les capacités de transit, et un cadre de régulation est à inventer pour gérer les flux.

 

Enfanté par l’UpM, le PSM est marqué par l’inertie diplomatique de l’UpM, objet politique non identifié à la gouvernance imprécise, pour ne par dire indéfinie en pratique. Aussi, sur les trois options de gouvernance du PSM, si la Commission Européenne et la Banque Européenne d’investissement sont pressenties pour être incluses dans le pilotage, ainsi que le Secrétariat de l’UpM à Barcelone et la Banque Mondiale, l’administration recommande sans le dire ouvertement la 3ème option.

Celle-ci propose des procédures pas très formalisées, avec une équipe de fonctionnaires (français ?) et de spécialistes, directement sous la coupe de la co-présidence franco-égyptienne de l’UpM. Cette équipe de « haut vol » inventerait les méthodologies collectives, recenserait et analyserait les projets, serait en relation avec les bailleurs de fonds, les Etats et les porteurs de projets. L’objectif de cette gouvernance du PSM avec un leadership de co-présidence qui dirigerait une équipe opérationnelle, est de conserver une dynamique politique. Il est à regretter que cette option « marginalise » la Commission Européenne et les Etats membres de l’UE, ainsi que les acteurs économiques et industriels européens.  

 


Pour les curieux qui veulent approfondir le sujet, je renvois au rapport publié sur le site de l’Inspection Générale des Finances, où Bercy dans sa grande générosité, l’a mis en ligne en Juin 2009 en pdf. Près de 150 pages avec les annexes, très instructives. Ce rapport Charpin est aussi directement téléchargeable depuis ce blog.

Tag(s) : #Plan Solaire Méditerranéen
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