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Vendredi 14 janvier 2011, une dépêche du site internet AEDD.fr nous apprend que la ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Christine Lagarde, à annoncer lors de la présentation de ses vœux à la presse qu’une conférence nationale sur l’énergie se tiendrait cette année.

 

« J'ai donc demandé à Éric Besson [ministre chargé de l'Énergie] et Frédéric Lefevbre [secrétaire d'État chargé de la Consommation] d'organiser une conférence nationale sur l'énergie afin de mesurer la pertinence de nos choix en matière de sécurité ou d'approvisionnement énergétique. Il s'agit d'aider notre pays à prendre et assumer, pour les vingt années à venir, les bonnes décisions en matière énergétique, afin, là encore, de préserver notre compétitivité, comme l'intérêt des Français… Un des atouts de notre compétitivité économique est de disposer d'une énergie peu coûteuse. Or, partout dans le monde, l'industrie nucléaire connaît un essor rapide, des gisements de gaz et de pétrole sont régulièrement découverts, de nouvelles technologies d'exploitations mises au point », a dit la ministre.

 

 

Je voudrais profiter de ce billet pour interpréter et commenter l’annonce de la ministre. Car ces quelques lignes des paroles de Christine Lagarde, m’inquiètent et n’augurent rien de bon pour les énergies renouvelables.

 

1er constat, pour Christine Lagarde, l’énergie n’a rien à voir avec l’environnement. Il s’agit pour elle d’industrie et de prix, dont la synthèse française parfaite s’incarne dans le nucléaire. L’environnement est à mettre au placard, quand l’on veut aborder le pétrole et les gaz non conventionnels, très polluants à produire… Faudrait pas gâcher les réjouissances de la conférence avec la problématique du réchauffement climatique, ni oser vouloir mettre sur la table le problème insoluble des déchets nucléaires… Les énergies renouvelables ? Un sujet de mickey énergie pour amuser le bobo écolo, pas sérieux pour Bercy mais qui auront peut être droit à un strapontin lors de cette grande conférence sur l’énergie, pour ne pas les frapper d’anathème…

 

2nd constat, Christine Lagarde ne vit pas dans le même monde que nous tous. Ce sont les énergies renouvelables qui connaissent un essor rapide et important. On a plus mis en service d’éoliennes, que de turbines à gaz ou de réacteurs nucléaires au niveau mondial en 2010 et ça va continuer. Le nucléaire peine à sortir de son hiver, les nouveaux projets concrets sont relativement rares et coûteux. Parler de la découverte de nouveaux gisements de pétrole - rares eux aussi et de plus en plus chers à exploiter - sans aborder la déplétion pétrolière engagée, c’est une hérésie en 2011. Même l’agence internationale de l’énergie (AIE) a reconnu que le pic pétrolier a été atteint en 2006 et que nous allons vers moins d’or noir. Peak Oil, un gros mot anglais à ne pas mettre dans la bouche de l’anglophone miss Christine ?

      
3ème constat, Christine Lagarde est une atom’crate qui s’assume. Elle nous dit que nous devons prendre les décisions stratégiques pour les vingt prochaines années, pour la compétitivité française et que celle-ci repose sur le nucléaire. C’est une apôtre du mythe nucléaire, celui de l’électricité bon marché. Financée et assurée en dernier ressort par le contribuable, sans provisions suffisantes pour le démantèlement des centrales, sans prendre en compte le coût de gestion des déchets nucléaires légués aux générations futures,…, l’électricité nucléaire française est subventionnée depuis 40 ans et le sera encore pendant longtemps. Vous en prendrez bien encore quelques tranches pour vingt ans… Et ne surtout pas briser l’autre mythe de l’indépendance énergétique du pays, issue du nucléaire. Ok, nous importons le combustible, les mines d’uranium françaises ont fermé depuis belle lurette. Mais chut, silence et tête dans le sable, sinon ça va donner des idées aux terroristes de l’AQMI au Niger… Le nucléaire nous rend indépendant qu’on vous dit, ne croyez pas la réalité et ne comptez pas les dépenses militaires pour sécuriser nos intérêts atomiques au-delà de nos frontières.  

 

 

En synthèse, Christine Lagarde sert les intérêts des grands groupes, dont EDF. Cette conférence est un acte pédagogique pour préparer les français à l’augmentation régulière des coûts de l’énergie, tout en préparant la décision de remplacer nos vieilles centrales nucléaires par de nouvelles, plus grosses et plus sécurisées. L’atom’cratie est en ordre de bataille pour défendre ses intérêts, pour que la France demeure le pays le plus nucléarisé du monde. Christine est une de leurs chefs, elle propage les mythes et tient les cordons de la bourse. Sa conférence est une grande messe qui servira les utilities, et non un exercice de démocratie énergétique… Cela sera marrant (et nécessaire) d’y organiser une opération commando « anti propagande, contre la dictature atom’cratique », avec les amis de Greenpeace ;-)

 

 

P.S. l’agenda nucléaire français est dense en ce moment. Un conseil politique nucléaire doit être convoqué d’ici quelques semaines par le président de la République, il portera « notamment sur les partenariats stratégiques entre EDF et Areva » indique Éric Besson. Le même sous ministre de l’énergie auprès de Christine Lagarde, à propos de la loi NOME qui adapte les règles de régulation du marché de l’électricité, avoue qu’il s'agit de « maintenir l'avantage compétitif de l'énergie nucléaire ». C’est bien bordé.

 

 

Tag(s) : #France atom’cratique
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