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D’une révolution à l’autre, de Tunis au Caire, la méditerranée vit son printemps démocratique. L’issue des soulèvements est incertaine – encore plus en Egypte qu’en Tunisie – mais c’est le soulèvement même qui est revigorant pour les progressistes de tous les continents.


La zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) n’est pas/plus irrémédiablement destinée à vivre sous le joug de despotes. On ne peut que s’en réjouir, en restant attentif aux dynamiques à l’œuvre. Celles qui mettent en cause les potentats locaux et déjouent la complicité déloyale d’une accommodante diplomatie occidentale, celles qui pourraient dériver vers un recul des libertés à peine acquises,... Si le printemps est précoce, rien ne dit que l’été viendra vite et apaisé…  

 Bouazizi Tunisia 2010

Qui aurait pu imaginer, qu’un jeune homme soutien d'une famille de huit personnes, issu d’une région peuplée de Hémamma - tribu de cavaliers connus pour leur fierté - qui n'a pas accepté d'être giflée par une femme policière municipale à Sidi Bouzid, allait recomposer par son acte désespéré, toute la zone MENA ? Mohamed Bouazizi, n’a pas accepté l'humiliation en plus de la précarité et du désespoir !!! Cette humiliation de trop et l’immolation pour y répondre, aura ébranlé une vaste zone à l’équilibre géopolitique instable. Une gifle aura déclenché la révolution en Tunisie et provoqué un effet domino dans la zone MENA. La réplique n’a pas fini de se propager… 

 

 

Le printemps politique de la zone MENA marque à la fois la victoire et la défaite de l’Occident (Europe/USA). Victoire de leurs valeurs pour avancer vers une démocratie accomplie, défaite de leur « real politique » qui avait renoncé aux valeurs humanistes pour préserver des intérêts dits « supérieurs ».

 

Sans la France, sans l’Europe et avec l’appui discret des américains, les tunisiens ont brisé leurs chaînes. L’effet papillon du jeune Mohamed Bouazizi, immolé contre l’absurdité d’un système sans espoir, a donné le courage à la jeunesse tunisienne de se révolter. La classe moyenne et libérale, fatiguée de travailler pour un clan, s’est jointe pour transformer la révolte en révolution. Et Ben Ali est parti, poussé dehors... Vive la « THAWRA  ETTOUNESIA » (révolution tunisienne).  

 

Si en 1956 l’Egypte de Nasser, avec sa « victoire » dans la guerre contre la l’Angleterre, la France et Israël, pour le contrôle du canal de Suez, rendait sa fierté au peuple arabe, de Casablanca à Damas en passant par Tunis et Tripoli. En 2011, c’est la Tunisie qui inspire la rue arabe. C’est elle qui redonne une once de fierté au peuple arabe, qui rêve de « tunisification » pour écrire une nouvelle page d’histoire.

 

Les capitales de la zone MENA regardent cette « thawra ettounesia » comme une sorte grippe H1N1, avec la peur qu’elle passe leurs frontières sans contrôle, qu’elle remette en cause leur autorité. En Jordanie, pour répondre aux protestations populaires avant qu’elles ne se « tunisifient », les autorités jordaniennes ont préparé un premier vaccin, avec une augmentation du salaire minimum de 211 à 241 dollars et une baisse du prix des denrées alimentaires de base. Le roi Abdallah II a aussi limogé le 2 février son Premier ministre Samir Rifaï, pour calmer la rue jordanienne. Il a désigné Maarouf Bakhit pour la fonction avec comme feuille de route, la mise en œuvre de réformes politiques et économiques, avec une nouvelle équipe gouvernementale… Le vieux docteur Bouteflika ne fait pas autre chose en Algérie. Il a annoncé au conseil des ministres du 3 février, l'ouverture de la radio et de la télévision aux partis et ONG agréés, l’autorisation des manifestations (sauf à Alger) et la levée prochaine de l'état d'urgence en vigueur depuis bientôt 20 ans. La liste des denrées alimentaires subventionnées devrait également être allongée… Au Yémen aussi on craint la « tunisification » et il a été décidé une augmentation des salaires et une baisse des prix… Même au Koweit, ça commence à chauffer. L’Emir a accepté la démission du ministre de l'Intérieur, après le décès d'un détenu sous la torture… Si ce n'est pas un début de « tunisification » de la zone MENA, ça y ressemble fortement ;-) !!! 


   

Quel mot rBGen Ali degageestera de cette période ? Est-ce que la « movida » es pagnole de l’après Franco trouverait une t ranscription tunisienne ? Incertain, la traduction arabe de « movida », « TAHAWEL » ou « TAGH YIIR », sont deux mots trop longtemps utilisés par Ben Ali pour avoir encore un sens. Le mot qui s'est imposé avec la révolution tunisienne est « DEGAGE » : Ben Ali « dégage », PDG  « dégagez » (des banques et des entreprises nationales), RCD « dégage »  (l’ancien parti unique)… Un mot exporté en Egypte comme un symbole. La chaîne Eljazira montrait la semaine dernière un reportage sur la crise égyptienne avec Moubarak  « dégage ». Les tunisiens sont les précurseurs de ce printemps démocratique dans la zone MENA. J’espère que leur gestion de leur révolution, permettra d’accoucher d’une démocratie symbolique et laïque, pour devenir un nouveau phare au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  

 

 

P.S. Michèle Alliot-Marie « dégage », tu fais honte à la France !!!  

 

Tag(s) : #heloim.sinclair
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