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C’est un article de rue89 qui nous l’apprend, une première fausse manifestation de droite a été organisée ce dimanche 20 mai à Paris. Je n’aurais pas fait un billet si ma revue d’actualité sur google s’était avérée si pauvre. En dehors d’une brève dans 20 minutes, pas une ligne dans l’actu officielle (télé, radio, journaux, …).

 

Alors, un billet pour relayer une forme moderne et particulièrement intéressante de manifestation politique. Qui plus est, avec le climat d’ouverture qui règne en ce moment, cela devrait équilibrer les plateaux ;-) …

 

"Le clergé avec nous"... "Nous sommes fiers/ des violences policières"... "La cul-ture ça donne mal à la tête"..."travail, famille, Sarkozy": une bonne centaine de manifestants -costume-cravate pour les hommes, tailleur-chignon pour les femmes-, ont scandé ces slogans provocateurs lors de leur fausse manif’ de droite, "en soutien au Président", dimanche après-midi à Paris. Ce rassemblement était organisé à l'appel de la Brigade activiste des clowns (BAC) et du Ministère de la crise du logement.

 

Pour remettre les choses à leur place, une petite caricature des valeurs de la droite officielle n’est pas superflue. Pour le moins, c’est une stratégie de subversion du système qui est drôle, pacifique et relativement inédite en France. Le jeune Tristan Mendes-France en fait la promotion sur son blog.

Si je fais ce billet, c’est aussi pour la relier à l’expérience italienne, et nous instruire de des propos d’Umberto Eco, qui a vécu cet autre système "à la berlusconi". Là, la situation était différente, les médias n’appartenaient pas aux amis du président, mais à lui-même…

Se rappeler de ce qu’écrivait Umberto dans son livre « À reculons comme une écrevisse: guerres chaudes et populisme médiatique » : S’il est vrai que, Berlusconi menant le jeu [par des provocations incessantes], l’opposition doit suivre ses règles, l’opposition devrait reprendre l’initiative en retournant ces règles à son avantage.
Cela ne signifie pas que l’opposition devrait cesser de « diaboliser » Berlusconi. On a vu que si elle ne réagit pas à ses provocations, elle les cautionne d’une certaine manière, et manque ainsi à son devoir institutionnel. Mais cette fonction de réaction critique aux provocations devrait être réservée à une partie des forces d’opposition, qui devrait s’y employer à plein temps, et s’exprimer dans des circuits alternatifs. S’il est vrai que les médias échappant encore au contrôle berlusconien ne touchent que les gens déjà convaincus, et que la plus grande partie de l’opinion publique est exposée à des médias asservis, il ne reste plus qu’à passer par-dessus les médias. À leur façon, les "girotondi" (rondes de protestation autour de bâtiments symboliques) ont été un élément de cette nouvelle stratégie, mais si un ou deux "girotondi" font grand bruit, on finit par se lasser d’une suite interminable de farandoles…

Il faut donc revenir à des tactiques de distribution de tracts, de cassettes vidéo, au théâtre de rue, au tam-tam sur Internet, à une communication sur des écrans mobiles situés à différents endroits de la ville, et à toutes les inventions que la nouvelle imagination virtuelle peut suggérer. Étant donné qu’on ne peut parler à l’électorat mal informé par l’intermédiaire des médias traditionnels, il convient d’en inventer d’autres.


Parallèlement, dans le cadre de l’action plus traditionnelle des partis, des interviews ou de la participation à certains programmes de télévision (mais en surprenant l’adversaire par des déclarations inattendues), l’opposition doit lancer ses propres provocations.

…Source: "À reculons comme une écrevisse: guerres chaudes et populisme médiatique (2006), « Diaboliser Berlusconi ? », article paru dans Micromega, septembre 2003 ; Grasset & Fasquelle, 2006, p. 159 sq.

 

Tag(s) : #heloim.sinclair
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