Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Une perle, une douceur mélancolique et précise. La voix d’une femme qui sort de ma bouche, tandis que je dévore ces trente pages. Un condensé d’amour. Une fin d’amour où l’iode irise les mots de Duras. Fluides. Flux de paroles, sentiments retenus, sensations exaltées d’une amer douceur. Silences. Images d’océan, silhouette qui se dessine en creux...

 

Trente pages lues, à lire, à relire. Tension évanescente qui s’évaporera dans l’atlantique. Immensité qui absorbe tout. Présence. Absence. Continuité d’une voix qui déjà s’est éteinte, et pourtant, qui résonne encore dans le gris du ciel à fleur de vagues.

 l-homme-atlantique.jpg

 

« Je l’ai pris et je l’ai mis dans le temps gris, près de la mer, je l’ai perdu, je l’ai abandonné dans l’étendue du film atlantique. Et puis je lui ai dit de regarder, et puis d’oublier, et puis d’avancer, et puis d’oublier encore davantage, et l’oiseau sous le vent, et la mer dans les vitres et les vitres dans les murs. Pendant tout un moment il ne savait pas, il ne savait plus, il ne savait plus marcher, il ne savait plus regarder. Alors je l’ai supplié d’oublier encore et encore davantage, je lui ai dit que c’était possible, qu’il pouvait y arriver. Il y est arrivé. Il a avancé. Il a regardé la mer, le chien perdu, l’oiseau sous le vent, les vitres, les murs. Et puis il est sorti du champ atlantique. La pellicule s’est vidée. Elle est devenue noire. Et puis il a été sept heures du soir le 14 juin 1981. Je me suis dit avoir aimé. »

Marguerite Duras

 

 

Tag(s) : #heloim.sinclair
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :