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Alors que l’omniprésident annonçait la couleur à la tribune de l’ONU en début de semaine, avec son « new deal économique et écologique »,  Borloo a reçu les premiers rendus du Grenelle de l’environnement ce matin. Les rapports des six groupes de travail ont été livrés, et à parcourir les synthèses, une vraie bonne surprise surgit : l’évidence de la crise environnementale et les objectifs  pour la résoudre s’imposent. Fini la politique de l’autruche, le dialogue entres les parties tenu tout l’été jusqu’à l’automne, a muri une conscience environnementale comme diagnostic partagé.

 

« La plupart des objectifs défendus par les associations écologistes ont été retenus dans les conclusions des groupes de travail ! », se réjouie en liminaire, Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France.

 

 

Toutefois, « les consensus sur les objectifs ne signifient pas pour autant que les conflits aient disparu », peut on lire sur le Grenellorama de l’Alliance pour la planète. Sur les pesticides, le nucléaire, le dialogue environnemental, les aides à l’agriculture, les déchets, le principe pollueur-payeur, bien des divergences demeurent entre les acteurs. Si elles ne sont pas flagrantes dans les synthèses, elles se font jour dans chacun des six rapports. Faire évoluer la société sur un mode de développement durable, c’est en effet remettre en cause des rentes et des intérêts économiques importants. Au-delà du constat et des mots, la réussite du Grenelle réside donc dans les arbitrages qui seront rendus.

 

Voir sur papier à en-tête de la République, des constats et des propositions qui n’ont pas à faire pâlir un militant écologique, c’est une très bonne chose. Il était temps, et c’est une vraie rupture de façade. Mais que va-t-il rester comme mesures réelles et appliquées, dans ce new eco-deal appliqué à la France ? Alors que le diagnostic plaide pour une rupture écologique, l’Etat, EdF, Areva, le Medef, la FNASE, … ne sont pas prêts à abandonner des chemins dangereux (EPR, cultures d’OGM, nouveaux incinérateurs et autoroutes, …).

 

C’est sans nul doute à l’omniprésident qu’il reviendra de trancher. J’aurais tendance à parier que la rupture ne sera pas totale (voir bien modeste), mais ne préjugeons pas de ce qu’il adviendra des débats et de la mobilisation des français.

 

Particulièrement attentif et intéressé par le groupe de travail sur lutter contre les changements climatiques et maîtriser l’énergie, je me réjouis du consensus qui prévaut pour la rénovation du bâtiment et l’accélération des exigences pour le neuf. Reste à savoir si les moyens suivront (entre l’incitation et l’obligation, il faudra trouver l’équilibre), mais je pressens  que le bâtiment durable sera un des grands gagnants de ce Grenelle. C’est une convergence d’intérêts économiques (industrie, installation, consommateur) et sociale qui a émergé.

 

Outre qu’il faille se mobiliser pour que le gouvernement se donne les moyens d’honorer les objectifs consensuels sortis du Grenelle, il y a lieu de s’activer pour ne pas laisser passer l’incohérence (le statu quo) sur les pesticides, les OGMs et le principe de pollueur-payeur. Il me paraît vain de se battre contre le nucléaire, alors que Sarkozy joue au VRP de l’atome à l’ONU. Mieux vaut se concentrer sur les objectifs/mesures/moyens alloués à la maîtrise de l’énergie et aux énergies renouvelables…

 

Le citoyen ne peut se satisfaire des consensus sur les objectifs, qui resteraient de vaines promesses sans assez de mesures concrètes, sans aucune contrainte réglementaire, aucun moyen financier, aucun calendrier de mise en œuvre…  Si l’on ne veut pas que ce Grenelle tourne au barnum médiatique, il va falloir se mobiliser pour qu’il accouche du concret.

 

Tag(s) : #heloim.sinclair
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