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Retour à la vie moins insouciante, réécouter la radio, se reconnecter sur l’actualité. Les JO de Pékin tendent leurs fils d’Ariane, pour tenter de ramener le quidam dans le conte d’une mondialisation heureuse, sportive, sans dopage, sans politique, sans manipulation, … Même France Inter cède à la pression de l’actualité olympique, comme les autres médias, … «Un monde, un rêve», le rêve d’un monde sans JO, sans multinationales de l’entertainment sportif, sans les autres qui nous gavent de publicité pour faciliter la digestion olympique…  

Retour dans le chaud de l’été, la guerre à la porte de l’Europe, sur son flanc le plus occidental, au-delà de la Turquie, la Mer Noire comme frontière européenne commune avec la Géorgie, pays en guerre (attaqué !) par la Russie. Pays « lointain » et stratégique pour notre approvisionnement énergétique. C´est une route de transit essentielle pour l’accès aux gisements de la région caspienne, c’est l´un des principaux passages pour l’alimentation européenne de gaz naturel non russe. Petite république pro-occidentale, déjà malmenée par la Russie l’été dernier, la Géorgie a littéralement été envahie par l’armée rouge cet été 2008. Lisez cet article du Figaro, daté du 21 août 2007 : Géorgie : qu'attend l'UE pour agir face à Moscou ? Le résultat est qu'aujourd'hui les politiques européennes d'apaisement ont atteint leurs limites et deviennent même contre-productives. À chaque fois que l'Europe ne réagit pas aux excès russes, la situation empire. La question est donc de savoir ce qu'attendent les dirigeants européens pour faire respecter les principes du droit international et pour défendre leurs propres intérêts dans leur propre voisinage. Attendent-ils une frappe aérienne sur Tbilissi elle-même ? Ou peut-être sur Tallinn ?
Près d’un an plus tard, les obus ne sont pas encore tombés sur les civils de Tbilissi, et pourtant, cette fois, l’Europe est au pied du mur dans sa politique de voisinage russe. La question reste la même, d’une incandescente actualité : qu’attend l’Europe pour réagir vis-à-vis de la Russie ? Le pays de poutine n’est pas un grand frère démocrate paisible, un voisin de confiance, ce « grand pays de transition » à qui l’on pourrait tout pardonner… C’est un ours qui se réveille, prêt à tout pour renforcer sa main mise stratégique à ses frontières, pour renforcer son influence géostratégique, pour peser sur l’alimentation énergétique de l’Europe. La Russie n’a pas inventé le concept du softpower, elle a l’arrogance d’un fils de bonne famille, redevenu riche après un revers de fortune humiliant, le goût de la revanche aux lèvres … Ainsi, échoue cet été 2008 à l’Europe, un devoir de cohésion pour formuler une politique extérieure commune vis-à-vis de la Russie. Si beaucoup ont glosé sur les droits de l’homme en Chine par temps de JO, il est temps réagir vivement vis-à-vis de la Russie.
Medvedev et Poutine ne peuvent parler de « génocide », y faire référence et mettre en garde l'Occident de ne pas "reproduire l'erreur des accords de Munich de 1938 avec l'Allemagne nazie". Le président géorgien Mikheïl Saakachvili n’est pas Hitler, d’aucune façon, et ce genre de manipulation est irrecevable, inacceptable. C’est une insulte à l’histoire. D’autant que c’est la Russie de Medvedev et Poutine qui fomente des troubles dans les provinces géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, qui entretient leur séparatisme. C’est cette même Russie qui y va crescendo depuis des années à l'encontre du gouvernement géorgien, pour punir son attitude rebelle : réduire ou couper les approvisionnements en énergie du pays, imposer des embargos sur les exportations géorgiennes, violer son espace aérien, entretenir le séparatisme régional, et maintenant l’envahir pour démontrer la suprématie de l’armée russe.
Cette partie qui se joue au cœur de l’été 2008 en Géorgie, me semble déterminante pour l’avenir de l’Europe. Si nous cédons aujourd’hui à la Russie, si nous laissons Poutine et Medvedev mentir à la face du monde, si nous les laissons piétiner le droit international, si nous les laissons dicter leur bon vouloir pour l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud qui sont des provinces géorgiennes de plein droit, il en sera fini de l’idée d’une Europe forte et indépendante. Nicolas Sarkozy sera-t-il à la hauteur de cette tâche, alors que la France préside le Conseil de l’Europe ? Quelles réponses diplomatiques graduées (saisine de l’ONU, intervention d’une force armée européenne d’interposition, menace de sanctions économiques, …) peut-on dans l’urgence mettre en œuvre ? Quelles relations avec la Russie sur le moyen et le plus long terme, dans quels rapports de forces ? L’Europe arrivera-t-elle à parler d’une seule voix ? Il y a des étés plus graves que d’autres, plus européens que d’autres, …
Tag(s) : #Europe
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