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Jeremy Rifkin donnait conférence, pour conclure le 5ème forum de l’industrie PV, qu’organisait l’EPIA à Valencia ce 3 septembre. L’intellectuel américain europhile, celui qui conseille des chefs d’état et des dirigeants de grandes entreprises, faisait son show devant les acteurs européens et mondiaux de l’énergie solaire. JR avait là un public conquis, lui qui prêche pour la 3ème révolution industrielle, une révolution totalement en phase avec cette industrie.

Je ne suis pas conseiller des grands de ce monde, et pourtant, que de préoccupations et de réponses communes, ais-je avec JR. Ce blog en est témoin, prospective globale, énergie, économie, Europe, … j’ai trouvé dans les paroles de JR à Valencia, nombre de confirmations d’idées que j’essais de développer ici et ailleurs. Donc, un billet qui tente de faire une synthèse de l’intervention de Jeremy Rifkin.

 

La principale question que l’on pose à Jeremy Rifkin : comment faire croitre l’économie (allemande, européenne, globale) au 21ème siècle ? Comment faire face aux problèmes énergétiques cruciaux pour nos sociétés : changement climatique, accroissement de l’instabilité politique des pays producteurs, dépendance et peak oil ?


Le changement climatique est sans nul doute le problème le plus important. Sans vouloir jouer les catastrophistes, il y a urgence pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre si l’on veut que la civilisation humaine dépasse le 22ème siècle. Dans l’histoire de la terre, nous avons constaté quatre grandes extinctions biologiques en 450 millions d’années. Chaque fois, il a fallut 10 millions d’années pour recouvrir la biodiversité perdue. L’augmentation de 6°C ou plus, va déclencher la 5ème vague d’extinction. Il faut prendre conscience de l’énormité du problème de notre empreinte écologique, qui menace la survit même de la civilisation humaine d’ici deux siècles.

 
Le « peak oil » est un problème « urgent », au sens où nous devons y répondre dans le très court terme. Ce terme qui désigne le déclin inexorable de la ressource pétrolière, ne fait pas consensus sur la date où il adviendra. Les experts optimistes ne l’imaginent pas avant 2025/2030, les pessimistes modérés entre 2010 et 2020, et d’autres estiment que nous l’avons déjà dépassé. Si l’on ne peut avoir de certitude précise sur l’échéance du peak oil, il est des évidences qui s’imposent à tous. La fenêtre de tir pour changer complètement de système énergétique est extrêmement courte, et la tâche est gigantesque tant notre modèle est aujourd’hui dépendant du pétrole et du gaz. Une fois que l’on consomme la dernière moitié des réserves pétrolières, il n’y aura plus de limite à l’augmentation du prix de l’or noir.

La question devient donc : comment faire fonctionner l’économie dans les dernières étapes d’une ère énergétique qui prend fin ?

Ce que nous devons faire, c’est inventé un nouveau jeu économique qui sera capable de lutter efficacement contre le changement climatique, et de répondre au peak oill. L’histoire nous apprend que les grandes révolutions économiques surviennent avec la convergence de deux facteurs un changement énergétique et un changement dans la communication. Le point de bascule de l’histoire apparaît avec la convergence d’une évolution énergétique et d’une évolution communicative. L’usage de l’énergie hydraulique et de l’écriture ont révolutionné la vie humaine sur terre, fondé le développement et la prospérité de maintes sociétés. De même, au début de l’ère « moderne », l’imprimerie et l’usage du charbon, de la vapeur et des chemins de fer ont bouleversé l’organisation de nos vies. Plus tard, au 20ème siècle, la convergence du télégraphe et du téléphone, ainsi que l’avènement du moteur à explosion ont constitué la 2nde révolution industrielle.

La nécessité (changement climatique, peak oil) d'un nouveau jeu économique commande la 3ème révolution industrielle. De toute façon, il n’y a pas de plan B. Dans les quinze dernières années, l’ère numérique a bouleversé notre façon de communiquer (internet, téléphonie mobile) et profondément modifié le jeu économique. Cette révolution numérique va maintenant, et de plus en plus dans les prochaines années, converger avec la décentralisation de l’énergie, pour constituer la 3ème révolution industrielle. Peu de pays ont des ressources fossiles ou fissiles, et y avoir accès nécessite - et nécessitera - de plus en plus d’investissements (politique, militaire, financier), qui augmenteront d'autant le coût de l'énegrie. Ce modèle concentré et centralisé touche à sa fin, car tous les pays ont des ressources énergétiques locales et renouvelables abondantes, et les technologies EnR sont de plus en plus compétitives. Il faut juste organiser la collecte et l'usage des EnR. Pour cela, on ne peut continuer sur l’ancien modèle, centralisé. C’est l’heure de la décentralisation énergétique qui commence. Il faut imaginer que chaque bâtiment produira plus d’énergie qu’il n’en consomme. C’est l’avènement des énergies renouvelables, de leur combinaison dans un mix propre pour répondre à nos besoins. L’hydrogène sera le moyen de stocker cette énergie, pour la partager, l’échanger, à l’échelle continentale et locale. La 3ème révolution va provenir de la convergence de l’ère numérique et de l’énergie propre et décentralisée. Cela nécessitera d’inventer des réseaux énergétiques intelligents, pour distribuer toutes les micro-générations d’énergie propre.


Ceci n’est pas de la science fiction, c’est de toute façon la seule réponse possible à la question de  comment faire fonctionner l’économie dans une nouvelle ère énergétique ?

Il y a des gens qui pensent et disent que l’énergie nucléaire apportera la solution à notre besoin d’énergie sans carbone. Mais la réalité à la vie dure, et le nucléaire ne peut être la solution globale, loin s’en faut. Aujourd’hui, il y a 439 centrales nucléaires dans le monde, qui produisent environ 5 % de la consommation mondiale d’énergie. Et c’est tout. De plus, beaucoup de ces centrales sont vieilles et vont être démantelées dans les 25 prochaines années. Si le nucléaire voulait contribuer à 20/25 % de la consommation mondiale d’énergie, pour participer pleinement à la lutte contre l'effet de serre, il faudrait construire 2000 centrales nucléaires. Cela veut dire mettre en construction 3 nouvelles centrales tous les 30 jours pour les 60 prochaines années, c’est mathématique. Avec une pénurie d’uranium entre 2025 et 2035, le problème des déchets atomiques qui reste insoluble, les questions de sécurité (attentant, prolifération, incidents d'exploitation...) le pari nucléaire n’est tout simplement pas possible. Bien entendu, l’on remplacera une partie des 439 centrales en fonctionnement, mais l’énergie nucléaire ne pèsera pas plus de 5 %, et sans doute moins d’ici 25 ans.

D’autres, les mêmes qui veulent prolonger le modèle centralisateur, prêchent pour la séquestration du carbone. Ce mirage est un mensonge technologique, qui n’est économiquement pas viable. De plus, séquestrer le pétrole, dans la terre, dans la mer, n’est que mettre la poussière sous le tapis. La croute terrestre est vivante, et rien ne garanti que le carbone séquestré ne rejoindra pas l’atmosphère pour aggraver l’effet de serre. Ce mensonge technologique, est du même ordre que celui des biocarburants. Des mensonges qui nous retardent dans le chemin de la 3ème révolution industrielle.

 

Pour une énergie sans carbone qui alimente l’économie, l’Europe est le 1er « pays » qui a pris une décision importante avec le projet de Directive des 3 x 20 %, c'est un pas majeur qui reste à concrétiser. L’Europe a construit son intégration il y a 50 ans sur l’acier, le charbon et l’énergie atomique. Quel sera le moteur de l’intégration européenne pour les 50 prochaines années ? La sécurité énergétique où les énergies renouvelables et décentralisées seront le pilier du nouveau système énergétique. L’Europe peut (doit) être à la pointe de cette 3ème révolution industrielle. Elle en a les capacités, avec une volonté politique qui se fait jour, avec un marché interne de 500 millions d’habitants, plus un voisinage proche (Est et Méditerranée) de 500 autres millions d’habitants, avec l’euro qui est la monnaie la plus forte du monde, ... l’Europe peut conduire cette 3ème révolution, être un modèle dans la mondialisation. L’énergie solaire est à la base de cette révolution pacifiste.

 

Tag(s) : #Environnement
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