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De passage par Athènes, une semaine avant les émeutes qui enflamment la Grèce, les photos d’alors paraissent innocentes, hors propos de la violence qui fusent dans l’actualité. Alors, prolongeons la réflexion, soyons attentifs aux pierres jetées, plus encore qu’aux vestiges archéologiques.

La violence est plus ancienne encore que la civilisation helléniste. Une violence qui est dans les gènes du corps social. Elle ressurgit même dans les démocraties, quand les politiques sont autistes à la douleur lancinante du peuple : la désespérance. Une violence qui éclate contre une dernière injustice, une de trop.

Une balle policière qui fauche un gamin, c’est l’étincelle qui met le feu aux poudres, c’est l’explosion, émeutes urbaines, incendies, batailles de rues, … Pas besoin de terroristes ultra-gauchistes anarcho-autonomes pour déclencher un bouillonnement de violence. Une jeunesse au présent précaire et à l’avenir sans perspectives, une classe politique corrompue et conservatrice, une flicaille dure et soutenue,  … Boum, le cocktail social est détonant.

Athènes brûle, la révolte contre l’injustice est dans l’ordre des choses pour un peuple qui forgeât les concepts politiques du vivre ensemble. Cette torche athénienne doit être considérée avec grande attention, à l’aube d’une crise économique systémique qui déclenche une vague de récession globale. Les heurts sociaux pourraient se multiplier et le feu de la Grèce traverser la mer méditerranée pour gagner l’Europe et l’Afrique du Nord. Il y a tant de frustration sociale…

Les anciens pyromanes devenus pompiers malgré eux. Cette classe politique qui a encouragé la mise en œuvre d’un système insoutenable qui implose depuis des mois. Cette classe politique qui était propagatrice d’inégalités et d’insécurités sociales toujours plus grandes, au nom de la performance, du cours de Bourse, … appelle l’Etat et la dette publique pour sauver le système. Ce sont les générations futures  - plombées à la dette publique - qui sont encore mises à contribution pour solder une partie de l’incurie des gouvernements. Une jeunesse qui a de quoi se révolter, avec la bombe climatique en sus de ce legs pourri. Il y a de quoi dresser des barricades, quand la démocratie faillit autant à représenter et prendre en compte l’intérêt des jeunes et des générations futures.

 

Je ne présage pas trop le « changement » que pourra réellement engager Obama. Mais je constate cruellement, que pas un seul homme ou femme politique chef d’Etat d’Europe, n’incarne le changement. Même s’il y a quelques progressistes (Zapatero), la grande majorité est conservatrice, en place pour préserver l’intérêt des nantis et des plus que nantis. Un conservatisme qui bouche l’avenir de la jeunesse d’une chape de plomb, couvercle sur leurs espoirs et ambitions, leurs rêves d’un monde meilleur. Et quand l’espoir n’est pas incarné, c’est le désespoir qui brûle, carburant incandescent d’une génération qui se sent sacrifiée par une classe politique qui n’a plus grand-chose de respectable, et surtout, aucun projet crédible pour un futur désirable et soutenable.

 

Maj 14/12/08 :

Je ne voudrais pas que mon billet soit pris pour un brulot gauchiste. Le bruit de la rue n'est pas comparable à la voix du peuple, et ce bruit transmuté en violence ne devrait pas se faire entendre. L’émeute est une défaite de la démocratie, le moins mauvais des systèmes politiques. Ce n’est pas souhaitable d’ouvrir des parenthèses anarchiques qui lèsent toujours les plus faibles, en définitive. Mais parfois, ce bruit vient en dernier ressort, quand le seuil de désespérance est dépassé et que la classe politique reste sourde aux cris d’alerte.

Le capitalisme ultralibéral a connu la chute de son plafond de verre avec l’écroulement du système financier en septembre 2008, comme le communisme avait connu la chute de son mur de Berlin. Symboles totémiques d’une déconstruction collective d’un système qui s’écroule. Aujourd’hui, il n’y a plus de modèle systémique valide, le logiciel a fait faillite. Et comme il n’y a plus de modèle, il n’y a pas de classe politique capable de faire autre chose que de « gérer » la crise. Combien de temps faudra-t-il attendre pour voir émerger une alternative optimiste qui dessine un projet humaniste pour nos sociétés ?

 

 

Tag(s) : #heloim.sinclair
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