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Jean Pierre Vernant est réellement un passeur de frontières. A la base, je n’avais reçu ni l’Iliade, ni l’Odyssée en passeport, collège de province sans classe de grec ni de latin… JPV est le passeur qui m’a rendu cette mémoire qui fut chantée par les poètes, remise en forme pour et avec l’agora, mémoire qui est une matrice fondamentale de la pensée occidentale. Un sens de la tragédie qui a durablement marqué la morale aristocratique (« kalos kagathos », « beau et bon »). Matrice grecque d’où nous viennent des mots et concepts toujours essentiels : politique, démocratie, philosophie, …

 

JP Vernant est fécond. Il vous entraîne dans son savoir immense, dans ses trois temporalités (l’Antiquité, le cours de sa vie héroïque et sa pensé contemporaine). S’il dessine des frontières entre passé et présent, entre différents passés, entre l’objectivité distante du savant et l’engagement passionné du militant, c’est pour mieux jouer son rôle de passeur (transmetteur) vers un horizon de vérités.

 

La Traversée des Frontières éclaire des mythes fondateurs de notre culture, de notre perception du temps et de la vie, revient sur des connaissances oubliées au cours du 20ème siècle. C’est un ouvrage qui ouvre vers une mémoire nécessaire, une remontée vers des racines qui ont structuré notre vivre ensemble (et continuent d’agir dans l’ignorance du plus grand nombre).

 

Un seul billet ne pourra circonscrire sa portée. Alors, je voudrais offrir en partage et pour conclure, quelques extraits de son avant dernier chapitre « il doit y avoir une histoire de la volonté », juste avant « l’homme est un pont ». JP Vernant revient sur une correspondance d’Ignace Meyerson (1941). Meyerson y affirme que l’homme est action.

 

Il y a une oscillation du courage, de l’engagement dans l’action, avec des éclipses, des reprises, des rebondissements, … Or, dans la récupération et l’accroissement des forces personnelles d’un individu, l’apport d’autrui – le rôle que joue en particulier les êtres qui ont la vertu de faire rayonner leur propre dynamisme interne – apparaît décisif. Que signifie cette nécessaire présence de l’autre dans l’affermissement de soi même et de son vouloir ? En quoi, l’acte positif, le don, ce que nous recevons de l’autre ou que nous lui offrons, peut-il constituer une dimension majeure d’une génétique de la volonté ?

 

Je vous laisse à ces questions, et vous souhaite une régénérescence de votre volonté pour le bon et le beau ;-), avec un dernier extrait de Meyerson :

 

Il y a des êtres et dans ces êtres des mots ou des attitudes qui augmentent notre force … Apports extérieurs : problème d’autrui, angoisse de la limitation du même, joie d’une porte qui s’ouvre, d’un horizon, d’une dilatation, on s’est dépassé. Et les richesses de l’autres sont inestimables : il a exactement tout ce qui me manque, et il a tout cela dans le prolongement de moi ; jeu avec le même de l’autre. L’ouverture aux choses est mon pouvoir sur les choses vont ainsi être illimités, comme aussi mon pouvoir de perfectionnement intérieur. A cet enrichissement, je ne donne pas de limite, dès l’instant où j’ai franchi les miennes…

 

Tag(s) : #heloim.sinclair
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