Bien sûr, il y avait depuis longtemps cette familiarité, cet amour que m’avaient transmis Camus, Van Gogh, Socrate, Picasso, Mistral, … J’avais été piqué par un héliotropisme dans mon adolescence. J’avais remonté le cours ce double héritage culturel judao-helléniste pour m’élever dans une région où les gris étaient pastels, les verts tendres et mordants, et la lumière souvent mouillée.
6ème anniversaire très bientôt de mon installation près de la « mare nostrum », que j’y vis comme un nomade, sans pouvoir d’ubiquité mais en vadrouille de-ci et de-là, Paris, Bruxelles, Berlin, Barcelone, Nice ou Strasbourg, … j’ai des semelles cousues de vent qui me ramènent toujours à Marseille.
Et maintenant, la pulsation a été renversée. Je ne retourne plus chez moi vers l’odeur carbonée, le temps compté et l’agressivité à fleur de lèvres. Mes racines massiliennes ne sont encore que rhizomes, mais Paris n’est plus ma résidence d’attache et de cœur, ce n’est plus qu’une ville où j’ai plaisir à retourner, visiter mes amis et travailler.
Bien entendu, le sentiment d’appartenance est encore léger, et je n’adhère pas à tous ces « charmes » du sud que l’on cultive à Marseille, loin s’en faut. Mais les femmes et les hommes d’ici et d’ailleurs, que j’y ai rencontrés, me donnent envie d’approfondir ces liens d’amitiés et de partage, ... Car finalement, Marseille est un creuset où l’on cultive la différence de tous, une identité mosaïque où je trouve ma place petit à petit. Cette frange de terre gauloise annexée par des envoyés de Phocée, où étymologiquement Massalia signifie "qui protège, protecteur". C'est donc le lieu lui-même qui est protecteur, où je puis bâtir une trajectoire de vie, …